Rikers : Pop et bang
Rikers nous propose Island et se lance dans la mêlée. Pop, rock et glam sont au menu. Place à l’ego trip.
On peut dire que ces cinq jeunes encore au début de la vingtaine gardent la tête froide. Malgré un contrat de disques avec Warner, un nouvel album soutenu par une campagne promotionnelle adéquate et une tournée pancanadienne en compagnie de Big Wreck, Rikers amorce ce nouveau chapitre avec sagesse.
Avec son premier disque, Island, ce quintette de Peterborough en Ontario a réussi à afficher une pop-glam accessible qui peut faire penser par moments aux premières années d’INXS. Ça touche à la new wave tout en flirtant avec le rock. Le premier simple, I’m on the Radio, endosse même une pointe d’ironie tout en soulignant l’ambition de Rikers. Le chanteur Ryan Kennedy, lui, assume en riant cet ego trip qui donne du panache à la formation.
"C’est tellement difficile de s’imposer à la radio aujourd’hui, constate-t-il. Ça me fait rire, parce que dès que tu te retrouves avec une chanson dans un palmarès d’une radio commerciale et que ton premier clip tourne enfin à MuchMusic, les gens te regardent avec de grands yeux et pensent que l’argent tombe du ciel. Malgré l’état actuel de l’industrie, plusieurs sont convaincus que tu vends des disques à la tonne! Eh bien non, ça ne fait que commencer et tout reste à faire. On vient d’une petite ville où peu de groupes réussissent à percer. Mais malgré ce contrat, on demeure cinq gars sur la route qui font de la musique parce qu’ils aiment ça."
On pourrait croire que signer un contrat avec une major représente une sorte de pacte avec le diable. Que reste-t-il, après le passage en studio, de cette énergie virale qu’un groupe comme Rikers déployait sur scène depuis deux ans? Kennedy et ses partenaires Russ Davidson (guitare), Alex Perry (claviers), Colin Spencer (basse) et Curt Jackson (batterie) semblent avoir passé l’épreuve du tribunal des grands inquisiteurs de la maison de disques sans trop souffrir.
"Lorsque vient le temps d’enregistrer, tu te retrouves avec des gens que tu ne connais pas qui tourbillonnent autour de toi pour proposer tel ou tel changement dans une chanson, relate-t-il. Producteur, réalisateur, technicien de son, tous ont été sympathiques, mais c’est tout de même bizarre de composer avec cette nouvelle dynamique. Il y a des compromis à faire, et je comprends ça. Sauf que dans ce groupe, tout le monde compose de la musique. Parfois, à cinq, c’est déjà difficile de s’entendre sur un point, alors imagine avec deux ou trois autres personnes à travers! Mais c’est bon, l’équipe est satisfaite, alors on continue."
Maintenant que la glace est brisée, Rikers compte bien s’en donner à coeur joie sur scène. Prenant la chose très au sérieux, Kennedy avoue que c’est en spectacle que le groupe peut afficher sa pleine démesure. "J’adore le rock pour la musique et pour tous les détails qui s’y greffent. Le glam, c’est une esthétique qui s’expose et on aime bien intégrer certains détails dans les compositions qui vont parfois détonner. Ces chansons s’expriment dans un registre pop, mais l’attitude rock et glam est perceptible. La scène, c’est l’endroit où Rikers est en vie. Ça nous appartient."