Anvil : Toujours Anvil
Anvil a survécu aux échecs, tel un taureau qui refuse la fatalité d’une corrida. Le groupe est encore sur la route, quelque part sur une scène en train de faire rugir les amplis.
Un autre chapitre s’est écrit dans l’histoire du groupe heavy métal Anvil lorsque le documentaire Anvil! The Story of Anvil est paru en 2008. Le scripteur et réalisateur Sacha Gervasi a fini par ressusciter la formation canadienne culte qui avait connu son heure de gloire dans les années 1980 et influencé maints artistes tels que Slash (Guns N’ Roses), Lars Ulrich (Metallica) et Scott Ian (Anthrax).
Le chanteur et guitariste Steve "Lips" Kudlow regarde aujourd’hui Anvil repartir en tournée et remercie presque le destin. "Quand tu penses que nous avons connu Sacha alors qu’il n’avait que 15 ans! Nous l’avions pris sous notre protection pour qu’il puisse suivre SON groupe favori, en 1981, en tournée! Vingt-cinq ans plus tard, le même kid est devenu un scénariste de talent qui a travaillé avec Steven Spielberg et il nous sort de l’oubli. C’est incroyable!"
Depuis quatre ans, Anvil essaie tant bien que mal de profiter de cette vitrine et a pu bénéficier de quelques appuis de taille pour enregistrer Juggernaut of Justice, qui est sorti l’an dernier. C’est nul autre que Dave Grohl (Nirvana et Foo Fighters) qui s’est retrouvé en face des membres du groupe lors d’un gala musical californien où ils étaient invités à jouer il y a plus de deux ans. "Je l’ai vu arriver avec son étui à guitare et je lui ai dit: "Génial! Tu veux jouer avec nous?!" Finalement, non! Il me tend la guitare et me la donne en cadeau! Ce gars est fantastique. Il nous a ensuite offert d’enregistrer notre album dans son studio [Studio 606], à un très bon prix d’ailleurs! Et c’est grâce à lui qu’on a rencontré le producteur Bob Marlette. Quelle chance! Mais on fait sa chance, non?"
Le volubile Kudlow porte encore un regard nostalgique sur les péripéties qui ont amené Anvil à manquer le bateau après la sortie de Metal on Metal en 1982, des imbroglios contractuels ayant malheureusement mis fin aux espoirs de percée aux États-Unis. "C’était insoutenable. Disons-le, on n’a jamais eu de bon gérant… On s’est fait avoir et c’est injuste. On ne s’en est jamais vraiment remis, que dire de plus? Mais finalement, on est encore là. Robb [Reiner, à la batterie] et moi, on fait de la bonne musique. C’est le drame qui a fait ce que nous sommes aujourd’hui. C’est Anvil, un point c’est tout!"