Niyaz : Téhéran, P.Q.
Fabuleux succès artistique sur la scène internationale, le trio Niyaz inaugure sa prochaine tournée mondiale ce samedi, à Montréal.
Avant de fonder Niyaz, Azam Ali et Loga Ramin Torkian ont quitté Téhéran par des chemins opposés pour arriver sur la Côte-Ouest américaine vers la même époque. Engagés, elle dans Vas (un groupe classé "world alternatif"), lui dans son étonnante formation moyen-orientale Axiom of Choice, ils se sont croisés professionnellement beaucoup plus tard, et ont fini par devenir un couple. Un assez beau couple, à vrai dire. Couple en quête d’un nouveau nid aussi, déçu par le manque de magie californienne. Et c’est ainsi que, à la suite de prestations mémorables au parc La Fontaine et au FIJM, les deux ont décidé de s’établir ici.
"Je suis encore à fond dans une lune de miel avec Montréal et toutes les personnes merveilleuses qui l’habitent", déclare Azam avec une grâce et un enthousiasme qui ne sauraient mentir. "C’est un endroit unique au monde, précise Loga avec conviction. Nous n’y sommes pas venus par accident. Nous avons cherché puis fait sciemment ce choix pour l’exceptionnelle diversité culturelle."
Fondé en 2005 à L.A., Niyaz doit aussi son acte de naissance à un troisième larron: Carmen Rizzo, un touche-à-tout d’origine italienne dont l’incroyable C.V. n’entre même pas sur une clé USB. Rizzo assure les claviers, la programmation et, en même temps, l’équilibre capital entre l’acoustique et l’électronique. Tenant du prodige, le premier album du trio se limitait à des chansons de l’antique Perse adaptées avec respect et goût dans un contexte ultramoderne. Rompu à ces pays lointains où les artistes sont parfois persécutés, où le fanatisme religieux entrave la liberté d’expression, le trio a décidé d’élargir sa collecte. L’Inde, la Turquie, le Kurdistan et l’Afghanistan convergent dans le chant soufi sur Sumud, leur éloge de la résistance passive, un album en magasin mardi prochain (lire critique en page Disques).
"Au début, le message des poèmes persans que nous avions sélectionnés était notre priorité, explique Loga Ramin Torkian, inventeur du kamaan qui permet de jouer les quarts de ton. Cette fois, nous avons élargi la collecte à plusieurs autres régions, comme pour donner une voix à ces groupes."
Azam Ali poursuit: "Nos concerts nous ont amenés dans des territoires kurdes ou turcs où nous avons pu constater de visu la lutte des minorités ethniques et religieuses pour survivre et maintenir leur identité culturelle, leur dignité. Nous célébrons l’esprit de ces minorités, mais dans un contexte universel. Les histoires que nous racontons sont communes à tant de peuplades, y compris le Québec. Elles sont universelles."
Il manquait l’écho de la Palestine. L’oudiste Naser Mussa s’en est chargé avec l’entêtant Rayat al Sumud. Il sera présent lui aussi au concert de samedi, à l’avant-scène avec l’envoûtante Azam, qui chante comme une fée et joue du santour comme une déesse.
"Je ne voulais pas être chanteuse, confie-t-elle, juste instrumentiste. Des fois, la vie choisit ta voie à ta place. Tu dois apprendre à être en paix avec ce choix, faire de ton mieux et observer comment tu touches les gens autour de toi."