John Zorn / The Concealed : Entendu au FIMAV
Dans une entrevue récente, le neuroscientifique Jonah Lehrer légitimait la démarche d’artistes qui, à la recherche d’inspiration et d’idées nouvelles, explorent des avenues inattendues. Malgré ce processus, le plus difficile demeure d’éviter le piège des lieux communs. Et pour ce faire, il est parfois louable d’avoir recours à des canevas, voire des contraintes, afin de stimuler l’imagination.
Ainsi, tel un poète qui fait appel au sonnet, John Zorn et les six musiciens de son projet The Concealed ont revisité les conventions des musiques juives vendredi dernier au Festival international de musique actuelle de Victoriaville. Les fans étaient nombreux et attentifs; il s’agissait d’une première mondiale.
Dénudé de rage (à quelques exceptions près), le programme faisait écho aux projections conçues pour l’événement: des iconographies combinant la pureté mathématique au mysticisme religieux. Côté rigueur, Zorn donnait frénétiquement la mesure, assis en indien; arborant ses culottes d’armée, il remportait le titre du chef d’orchestre le plus baba cool de la planète. Côté alchimie, la fusion de musiciens des projets Nova Express et Masada String Trio a donné lieu à des interprétations amples, dont celle de John Medeski au piano.
Davantage traditionnel que d’avant-garde (mais à des kilomètres des fameux lieux communs), The Concealed témoigne que Zorn délaisse parfois la démesure pour embrasser dignement ses racines. Une performance maîtrisée, mais sobre.