Mauves : Aficionados du rock
Le groupe Mauves se permet un séjour en studio afin de compléter l’enregistrement d’un maxi. Rencontre dans le labo du pop-rock.
C’est dans le décor d’un studio d’enregistrement que nous retrouvons le quatuor Mauves; les quatre gars de Limoilou peaufinent les derniers détails de leur prochain EP. C’est Shampouing (Benoît Villeneuve) qu’ils ont choisi pour les épauler dans la réalisation de ce nouveau recueil de chansons, une suite à l’album Cinéma Plymouth et une forme de work in progress avant de réfléchir au nouvel album. Cinq chansons sont en chantier et quelques-unes risquent de surprendre.
La discussion décolle sans tarder et les Beatles arrivent sur le tapis. Ces quatre mélomanes, qui cultivent aussi leurs Beach Boys et leur Gainsbourg, assument cette école du pop-rock des années 60 qu’ils ont décortiquée pour en saisir la forme. "On pourrait dire que nous faisons du Beach Boys-Gainsbourg!?" lance à la blague le guitariste et chanteur Julien Déry pour résumer l’esthétique du groupe.
"Ça revient souvent, auprès des gens, qu’on s’inspire des années 60, indique Alexandre Martel, claviériste et lui aussi chanteur dans le groupe. C’est même dans notre bio de presse! Mais j’ai alors l’impression que le monde s’imagine qu’on est un groupe rétro-pop. Les Beatles ou les Beach Boys sont de grandes influences, mais on est capables d’aller ailleurs et de raffiner notre formule tout en étant un groupe de rock. Je pense qu’avec ce EP, on s’éclate un peu plus."
La dynamique qui existe au sein de la formation contribue sans doute à ce désir, chez ses membres, de faire éclater la formule de la chanson rock. En plus de compter deux chanteurs, Mauves fait de la musique et de l’écriture une affaire collective. "On est des chums et on aime discuter de tout, précise le batteur Jean-Christophe Bédard-Rubin. Que ce soit de cinéma ou de poésie, on parle de tout et ça se voit dans nos textes. Au bout du compte, tout le monde contribue à l’exercice. Pour la musique, chacun des membres est en mesure de réfléchir sur le son d’ensemble. Ce n’est pas comme si on se bornait à se spécialiser sur un seul et unique instrument, sans regard sur les autres. C’était naturel d’assumer cette démarche collective."
Et cela porte fruit. Mauves a réussi à se démarquer l’an dernier avec la chanson Annie Hall et un passage remarqué aux Francouvertes cette année lui a permis de flirter avec la scène montréalaise. Ne serait-ce que pour le respect que voue ce quatuor – complété par le bassiste Cédric Martel – à ses classiques et pour sa façon ingénieuse d’assimiler le tout, Cinéma Plymouth est un petit chef-d’oeuvre d’audace. "C’est quand même fascinant de constater avec quelle facilité des groupes comme les Beatles pouvaient passer d’un style à un autre dans une seule et même chanson. Nous, on se disait que si les gens étaient assez game, ils seraient capables d’embarquer dans notre délire! On avait le vent dans les voiles lorsqu’on a enregistré ce premier disque, les idées se multipliaient!"
Par contre, pour le prochain EP, Mauves compte revenir à la base et simplifier l’exercice, tout en laissant place à quelques excès. "On partage aussi l’idée qu’un EP, c’est quelque chose qui se fait en famille, ajoute Jean-Christophe. C’est entre nous."