Ferriswheel : Le bel orchestre
Musique

Ferriswheel : Le bel orchestre

Comme le plus insolite des manèges, Ferriswheel intrigue par son prodigieux line-up, puis magnétise sa musique instrumentale aux propensions à contre-courant. Rencontre au sommet avec l’un des plus séduisants "projets parallèles" des derniers mois.

"À bien y penser, là où on se distingue des formations rock ou des bands jazz, c’est qu’on joue tout en retenue. Y a beaucoup de groupes avec lesquels j’ai joué qui ne sont pas capables d’espace; aussitôt que ça survient, ils sont tentés d’aussitôt le remplir. Ici, chacun sait ce que les autres peuvent apporter et chacun derrière son instrument s’y conforme", soulignera le corniste Pietro Amato. "C’est unique, je crois bien."

Autour d’une table à pique-nique brune du parc Fontaine du Vieux-Hull, les autres musiciens du combo acquiesceront de la tête, tandis que le multi-instrumentiste Olivier Fairfield (ici aux percussions) se hasardera: "Tsé, on pourrait tous jouer comme des tatas, mais ce serait contre l’esthétique du groupe. C’est ça la game. C’est ça qui fait que ça se tient. Sinon, tsé, ça pourrait devenir, criss… du jazz!"

D’un grand éclat de rire, Mathieu Charbonneau (piano), Simon Trottier (guitares), Amato, Philippe Charbonneau (basse) consentiront avec bonhomie au commentaire de Fairfield. Ce dernier ajoutera: "Habituellement, dans les pièces où y a une section improvisée, tout le monde en profite pour faire du bruit, alors qu’ici, quand ces moments d’impro arrivent, y a plus aucun son. Le monde s’écoute."

Besoins de musiciens

Bienvenue dans le fabuleux monde de Ferriswheel, formation instrumentale au vocabulaire sonore net, aux détours stylistiques désignés avec doigté, et qui requiert de ses créateurs et interprètes la minutie de l’horloger de même que l’acuité du tireur d’élite. Un peu au nord et sans distorsion, paru sur l’étiquette hulloise E-Tron Records l’automne dernier, donnait une suite à Woodsongs from the Backroom (2009), constitué exclusivement de pièces acoustiques du duo Mathieu Charbonneau-Simon Trottier. "On a commencé Ferriswheel parce que j’avais besoin de jouer du piano acoustique; c’est un de mes instruments principaux", explique l’Ottavien d’origine expatrié à Montréal Mathieu Charbonneau. "Par la force des choses, c’est le clavier que je jouais avec mon band [Charbonneau fait partie des Luyas et, depuis peu, il est barytoniste chez les troubadours néo-folk d’Avec pas d’casque]. Aussi, c’était de faire de la musique avec Simon."

Trottier, guitariste issu de la scène de l’avant-garde montréalaise, qui oeuvre également dans Timber Timbre, ajoute: "Ce projet me permet de faire de la musique instrumentale. Ce qui est cool, c’est qu’à la base, c’est nous deux, Mathieu et moi, mais on peut demander à tout plein de gens de se joindre à nous. Y a de la place pour n’importe qui."

Par ce "n’importe qui", Trottier fait allusion à ces potes qui se joindront à eux lors de concerts. Parmi eux, Mike Feuerstack, alias Snailhouse, le violoniste Josh Zubot. Il parle aussi de Fairfield, Amato et du frère Charbonneau, désormais inclus à même le dénominateur commun Ferriswheel. "Le premier disque, nous l’avions enregistré à deux, Simon et moi, explique Mathieu Charbonneau. Puis, sur Un peu au nord…, c’était plus collectif. On a enregistré à quatre – Simon, Olivier, Phil et moi. Ensuite, Pietro a ajouté les cors et Josh a fait son violon sur les chansons. Ça reste toujours composé par nous, mais les gars ont apporté beaucoup de choses."

Les mille images

"Ce qu’il y a de beau dans l’album, c’est qu’il s’écoute comme une longue chanson", affirme Fairfield alors qu’on passe en revue les pièces d’Un peu au nord et sans distorsion à la faveur des haut-parleurs minuscules d’un iPhone.

Si la facture instrumentale de sa musique amènerait à suggérer épithètes et autres qualificatifs qui l’accointeraient avec les musiques de film, Mathieu Charbonneau s’empresse d’affirmer: "C’est ben facile, voire cliché, de définir notre musique comme étant cinématographique. La musique de film, elle vient soutenir des tableaux visuels déjà créés. Notre musique, elle, elle crée ses propres images."

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L’ÉTÉ DE FERRISWHEEL

Philippe Charbonneau: "Je vais sûrement faire d’autres shows avec ceux que j’accompagne: Francis Faubert, John Carroll, D-Trak… On est en train de terminer l’album de Claude Munson, qui devrait sortir cet automne. Aussi, je vais jouer avec Snailhouse."

Mathieu Charbonneau: "Majoritairement, mon été va être avec Avec pas d’casque, on va tourner en Gaspésie et faire des festivals comme le Festival de musique émergente et Osheaga. Puis, Pietro et moi, on va terminer le mix de l’album des Luyas avec Jace Lasek (Besnard Lakes), puis, je sais pas si je peux le dire, mais Ferriswheel va peut-être se retrouver comme backing band pour Timber Timbre pour le show du Festival de jazz de Montréal, si tout va bien."

Simon Trottier: "C’est presque sûr, ça. Pour ma part, je vais faire une couple de festivals avec Timber Timbre. Puis, toujours avec Timber Timbre, on travaille à la trame sonore d’un film. Je joue aussi avec Snailhouse avec Philippe. C’est pas mal ça."

Olivier Fairfielfd: "Y a ça aussi [Fairfield fait allusion au fait qu’il va également travailler avec Timber Timbre sur la trame sonore du film évoqué par Trottier], y a des bons shows avec FET. NAT, entre autres au Bluesfest… J’ai commencé en plus un autre band avec un ancien membre de J’envoie, Nathan Medema. Puis, y a le théâtre: je fais la musique de la nouvelle pièce d’Anne-Marie White au Trillium, j’m’occupe de la musique de la pièce de cet automne à la Vieille 17."

Pietro Amato: "Moi, c’est des affaires ben importantes. Mes priorités cet été, c’est de faire le plus de sport possible. Jouer au soccer, au hockey cosom, faire du bike, les barbecues, la bière… Du ping-pong, et j’ai même commencé à jouer au tennis et au badminton. J’en fais pas mal. Et j’essaie d’entrer dans les Olympiques de la bière."