Die Mannequin : Vu au Woodstock Bar
La mine patibulaire du roadie forçait la compassion. Le pauvre devait se démener comme un diable dans l’eau bénite pour éviter à sa chanteuse, Care Failure, une chute imminente et/ou une humiliation cuisante. Le roadie avait l’air de s’ennuyer de sa mère. Moi aussi.
Tristement éméchée (pour ne pas dire totalement torchée), la gothique figure de proue de Die Mannequin, prometteuse et rageuse réplique torontoise à Hole et The Distillers, a cru bon, jeudi soir dernier, de ramper sur le plancher imbibé de houblon du Woodstock Bar dès le début de la deuxième chanson, avant de grimper très témérairement sur un des comptoirs bancals du nouveau temple rock de la Wellington Sud. Ses trois musiciens n’en pouvaient évidemment plus d’étirer et d’étirer et d’étirer l’intro afin de permettre à leur leader déconfite de conclure son embarrassant numéro de cirque (plus Cirque des Shriners que Cirque du Soleil). La foule, ivre de cette pitoyable pantalonnade, en redemandait.
Care Failure pourrait bien sûr plaider les circonstances atténuantes: le présage d’un concert à Sherbrooke devant une quarantaine de personnes a tout ce qu’il faut pour vous pousser droit dans les bras de monsieur Jacques Daniel. Le rock carbure à l’alcool et à la débauche, et c’est très bien ainsi… jusqu’à ce que vous ne puissiez vous retenir de placer votre micro derrière vos fesses en mimant d’amplifier le son de vos flatulences, singerie à laquelle la belle tatouée n’a pu s’empêcher de céder. Le dernier clou était planté dans le cercueil de ce concert qui aurait pu tourner à la catastrophe totale n’eût été l’instinct de survie certain d’un groupe capable de naviguer à vue.
Une aussi servile obéissance aux clichés rock est probablement ce qu’il y a de moins rock au monde.