Korn : Le nouveau « nu » metal
Musique

Korn : Le nouveau « nu » metal

On ne pourra pas reprocher à Korn, pape du nu metal issu des années 90, de faire du surplace. La preuve? Son récent album, sur lequel les musiciens se retrouvent là où personne ne les attendait: dans les mouvances glacées et cliniques du dubstep.

"Je t’avouerai qu’on s’est longtemps fait casser les oreilles par nos fans", dixit Ray Luzier, batteur au sein de la formation Korn depuis maintenant deux ans, à propos du nouvel album The Path of Totality, opus qui voyait les vieux routiers Jonathan Davis (voix), James Shaffer (guitares), Reginald Arvizu (basse) emprunter une voie insoupçonnée: celle du dubstep. "Nos plus vieux fans nous ont appelés des vendus. Je ne savais pas trop quoi leur dire."

Luzier, joint à sa résidence de Los Angeles, se rappelle: "Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas vendu à l’idée de cette réinvention. Mais Jonathan semblait tellement y croire qu’il a fallu qu’on se range tous de son côté. Aujourd’hui, je peux affirmer que le jeu en valait assurément la chandelle. On ne voulait pas être ce genre de bands comme AC/DC qui refont la même chanson encore et encore. Ça devient lassant à la longue."

Korn a fait appel au bidouilleur, DJ et producteur californien Sonny John Moore, alias Skrillex, pour revamper un son qui semblait se chercher depuis quelques années. Ainsi, les pistes organiques de Korn III: Remember Who You Are (2010), du flop post-prog Untitled (2008) et de la tentative pop assistée du trio Matrix (Avril Lavigne) de See You on the Other Side (2005) se sont métamorphosées en sillages de basse abyssales, en rythmes syncopés et en lignes de synthés hachurées que l’on établit comme signatures esthétiques fondatrices du son dubstep. Pour un batteur de la vieille école comme Luzier, cette nouvelle recherche sonore signifiait quelques apprentissages. "Ça a été vraiment cool de devoir m’asseoir devant mon instrument pour repenser ma façon de jouer, affirme-t-il, convaincu. Contrairement à ce que les gens pourraient penser, en concert, il n’y a aucun son qui provient directement d’un ordinateur. J’ai tenu, dans la mesure du possible, à garder le processus un peu organique. Donc, par un procédé complexe de ProTools, chaque son est recréé à partir de mon instrument."

SUR LA ROUTE

Pris dans un cycle constant tournée-vacances-tournée, Luzier affirme que les chansons de The Path of Totality prennent "tout leur sens sur scène". "Quand les fans qui ont été déroutés par l’aspect inédit de l’album viennent nous voir en show, ils comprennent rapidement ce qu’on a tenté de faire. Ce n’est pas rare que certains nous disent qu’ils ont réécouté l’album et qu’ils le comprennent après nous avoir vus le défendre sur scène. Je trouve ça flatteur", s’enorgueillit Luzier, ajoutant que les concerts de la récente tournée se divisent habituellement en trois parties.

"On commence avec des chansons d’Untitled, de Korn III, et des albums tracks qui risquent de plaire aux fans finis. Puis, c’est le set dubstep. Évidemment, on finit avec les gros hits comme Got the Life et Freak on a Leash. Il y en a pour tous les goûts."

Pour terminer, lorsqu’on lui mentionne que plusieurs médias spécialisés s’entendent pour affirmer que la guitar music est sur le respirateur artificiel, Luzier réplique: "Ça me fait rire d’entendre de telles allégations. Tout est fluctuations, changement. Oui, la musique rock a déjà été plus présente. Je dirais qu’elle vit une transition, ce qui est tout à fait normal. Dans tout au plus cinq ans, la guitar music sera de retour dans les palmarès, je te le garantis."