Léopold Z : Facteur de vérité
Léopold Z est de retour avec un deuxième album d’actualité qui caricature avec brio le cirque parfois pathétique de la société. On ne s’ennuie pas avec Léo!
Entre deux films, Marc Bisaillon a trouvé le temps de renouer avec la musique et son groupe Léopold Z, qu’il avait baptisé ainsi en 2005 en citant le film de Gilles Carle La vie heureuse de Léopold Z. "Le film La vérité est sorti en février et j’étais en montage l’année dernière. Éric Rathé, avec qui je compose la musique, était pas mal occupé lui aussi avec différents projets de réalisation, et j’ai fait appel à ses services pour la musique de mon dernier film. Et là, je termine l’écriture d’un nouveau scénario [un film qui s’intitulerait L’amour]. La musique, elle, revient toujours un jour ou l’autre. D’ailleurs, beaucoup de gens me disent que mes chansons ressemblent à des courts métrages."
Parfois ironique et misant sur des textes qui interpellent, avec des pointes d’humour sarcastique, l’ex-3/4 putains aime bien les satires et signe avec ce deuxième album, intitulé Ennuyez-moi, une suite musicalement plus groovy à l’album La joie. Quelques auteurs ont aussi l’attention du parolier, dont le chroniqueur et économiste Léo-Paul Lauzon, qui a inspiré Marc Bisaillon pour la chanson Qu’as-tu fait aujourd’hui? "J’avais lu sa chronique Les bals de la pauvreté. Il parlait de ces gens qu’on voit dans les galas-bénéfices, encaissant leurs crédits d’impôt tout en faisant bonne figure. Il est assez ironique ce monsieur Lauzon, et ça tombe bien, moi aussi!"
"Un artiste qui ne s’engage pas, ce n’est pas un artiste, ajoute-t-il. Ce métier porte à réfléchir et on doit communiquer. On rencontre beaucoup de gens, c’est normal de se questionner sur leur vie, leur réalité. En cinéma, c’est la même chose. On fait beaucoup de recherches pour savoir d’où on vient. Je vois historiquement ce que les Québécois ont fait pour améliorer leur sort dans les années 60 et 70. Nos grands-parents se sont battus et, aujourd’hui, la droite revient en force pour essayer de démolir tous ces acquis."
Rien de paternaliste dans les remarques de Bisaillon, qui s’amuse aux dépens du cirque politique où gravitent les grandes figures de la finance. "Parfois, j’aimerais ça que la droite vienne m’expliquer ce qui est bon pour nous dans la hausse des droits de scolarité. Ce qui est bon pour nous dans les banques et leur gestion de nos REER. Est-ce que c’est bon de couper dans les services sociaux? Harper est censé être un génie de l’économie, et pourtant le déficit augmente… Y a-t-il quelqu’un qui pourra un jour se porter à la défense de la droite de façon intelligente? Jusqu’à maintenant, personne n’a réussi à me convaincre."