Orelsan : Bas les masques
Musique

Orelsan : Bas les masques

Nouveau héros de la scène rap française, Aurélien Cotentin a vécu une adolescence sans histoire, tandis qu’Orelsan se bat maintenant dans la tourmente.

Le verdict vient tout juste de tomber. Accusé de "provocation au crime" par le mouvement Ni putes ni soumises, le rappeur français Orelsan est acquitté. À la base de la controverse, sa chanson Sale pute, dans laquelle un homme souhaite voir mourir sa petite amie qui vient de commettre l’adultère (notez ici notre version… adoucie du texte).

Quelques jours plus tôt, dans une maison en périphérie de Paris appartenant à sa parenté, le dernier récipiendaire des Victoires de la musique "artiste révélation du public" et "album de musiques urbaines" ne s’en faisait pas trop. À voix basse pour ne pas réveiller la maisonnée qui dormait à l’heure tardive de notre appel, Orelsan se surprenait encore de la poursuite. "Je n’ai rien inventé. L’adultère et la jalousie qui transforment un homme ou une femme en monstre, c’est le principe même des tragédies grecques. C’est honteux que l’histoire prenne autant d’importance en France, où des gens en manque d’attention médiatique ont décidé de se mettre sur mon dos. On ne règle pas le problème de la violence conjugale en s’attaquant à un rappeur qui voulait simplement parodier un mauvais clip R&B en chantant des vulgarités dans un beau complet blanc."

À travers toute cette controverse qui se poursuivra à l’automne, alors qu’un autre procès l’attend pour "insulte publique", Orelsan rappelle Eminem ou The Street par son humour et sa capacité à décrire sans gants blancs la vie de la classe moyenne blanche.

Ayant grandi à Alençon, une petite ville de Normandie, Aurélien Cotentin découvre le rap au lycée par l’entremise des membres de son équipe de basket. À 16 ans, il commence à rapper pour faire marrer ses potes, puis s’achète un Akai MPC et construit ses premiers beats. Il devient Orelsan et met en ligne ses premières vidéos sur YouTube, qui lui permettent de capter l’attention du milieu. Le producteur Skread (Diam’s, Booba, Rohff, Sinik) le recrute et lance les deux premiers albums du MC sous son étiquette 7th Magnitude: Perdu d’avance (2009) et Le chant des sirènes (2011) vendu à plus de 100 000 exemplaires en Europe.

"J’ai toujours raconté ma vie dans cette classe moyenne blanche. Les soirées avec les amis, mes conflits avec mes parents… Au départ, je tournais tout en dérision, mais mon style s’est affiné avec le temps. En France, les rappeurs viennent surtout de Paris ou de Marseille. C’est vrai que je détonne avec mes racines plus provinciales, mais les similitudes avec Eminem ou The Street sont aussi une affaire d’âge. Nous avons été élevés quelque part entre les Beastie Boys et Tupac. À nous de trouver le juste milieu."