Pépé : Le monde selon Pépé
Pépé sort son groupe pour décrocher quelques instants du cirque ambiant qui nous assaille. Avec lui, au moins, on ne s’emmerde pas.
Rencontrer Pépé sur scène, c’est l’occasion idéale pour décrocher du quotidien et oublier ses tracas. L’artiste lui-même admet que ce rôle lui colle à la peau et qu’il souhaite perpétuer cette vocation qu’il a endossée avec ses albums Pépé et sa guitare (2003) et Fakek’ choz (2006). Depuis Le véritable amour, son dernier album, Pépé monte sur scène avec son groupe et met de l’avant ses chansons grivoises et sarcastiques ponctuées de riffs rock ou d’accords country. Au diable les tabous et en avant la musique!
"Malheureusement, il y en a encore, des tabous, admet-il. La mort, la maladie et la vieillesse, ça fait peur et les gens ne veulent pas parler de ça. Malgré tout, j’aborde pas mal tous les sujets qui me tentent, je n’ai pas vraiment de limites. Je veux que ça sonne aussi, que les mélodies soient bonnes et que les gens embarquent dans la musique. Les paroles font parfois réfléchir, mais elles n’imposent pas d’opinions et ne dictent pas une manière de penser. S’il y a un message, c’est celui de la persévérance, et j’essaie de dire au monde de garder l’esprit ouvert. On peut se donner le droit d’avoir du fun dans la vie. C’est normal!"
On pourrait croire que le gars se la coule douce en se désengageant de tout. Pourtant, à écouter Philippe Proulx, on se rend bien compte que l’individu ne manque pas de convictions et qu’il fait ses devoirs pour s’informer adéquatement. Punk dans l’âme, l’artiste a choisi un créneau et le peaufine avec soin. Grand mélomane et très bon guitariste, Pépé adapte le rôle de chansonnier au 21e siècle. Même que l’auteur-compositeur-interprète compte produire des capsules vidéo humoristiques sur le Web (www.pepeetsaguitare.com) cet été.
"Il y en a des groupes qui sont politiquement engagés au Québec. À la limite, je les plains. Parce que quand tu es politisé, ta musique n’est plus intemporelle, elle est toujours liée à l’actualité. Je fais ce métier en ayant seulement ma personnalité à défendre. Je n’ai pas de mission sur les épaules. En tant que personne, je me cherche; c’est le cas de tout le monde. Mais prends Loco Locass, par exemple. Ces gars-là sont cool et ils tripent sur la musique. Ils aimeraient peut-être ça faire une toune de brosse, mais ils ne peuvent pas, car ils sont engagés jusque-là. Moi, si je fais L’alcool ou La grosse Carole, les gens vont comprendre pourquoi."
Cette liberté, Pépé la défend bec et ongles et constate qu’elle fait le plus grand bien à un large public, qui aime parfois sortir des grands débats. Le but d’avoir une tribune pour Pépé, c’est de faire du bien. "Lorsque je m’intéresse à un sujet, je me dis dès le départ que je n’y connais rien, explique-t-il. Aujourd’hui, tu te retrouves avec des gens qui affichent leurs opinions au lieu d’essayer de comprendre un phénomène. Je serais le premier content si les libéraux se faisaient mettre dehors, mais de là à commencer à essayer de m’exprimer sur les enjeux du conflit étudiant, non. Je trouverais ça dangereux. J’aime le monde et c’est pour ça que je me retrouve sur scène. Quand je fais un show, je suis là pour qu’on décroche et qu’on s’amuse."