Peter Kernel : L'art explosif
Musique

Peter Kernel : L’art explosif

Provocateur et multidisciplinaire, le duo Peter Kernel offre un rock frénétique et instinctif. Il souligne la sortie d’un second album avec une première tournée canadienne.

Peter Kernel n’existe pas. En fait, pas en tant qu’individu. C’est plutôt Barbara Lehnhoff et Aris Bassetti qui animent cette entité invisible. Les membres du duo y vont d’un rock dépouillé et viscéral, une musique qui accompagne leur travail de cinéastes et de graphistes. Les arts visuels et le pop art rencontrent le punk. "On a choisi le qualificatif art-punk pour décrire notre approche artistique, précise Barbara Lehnhoff. Il n’y a pas que la musique, il y a aussi tout le travail visuel sur lequel on s’applique. Nous sommes graphistes, cinéastes et musiciens. C’est un projet artistique qui regroupe toutes ces disciplines et le son du groupe peut rejoindre le travail de Sonic Youth. Sur ce point, on est plus rock que punk, ça c’est sûr! On pourrait dire que nous sommes deux entrepreneurs des arts qui ont un droit de regard sur toutes les facettes de ce métier."

Né d’une rencontre fortuite en Suisse, le tandem est venu à la musique un peu par accident, lors de l’enregistrement d’une trame sonore pour un court métrage-musical intitulé Like a Giant in a Towel. Un premier album, How to Perform A Funeral, suivra en 2008, établissant le duo sur la scène indie en Europe. Si le cinéma reste encore aujourd’hui un média de prédilection pour Aris et Barbara, ils ont vite fait d’apprivoiser la scène. "On ne se risque pas à faire des projections vidéo sur scène, ni à développer des concepts trop artsy. Nos prestations se concentrent sur la musique et la performance. On aime provoquer, mais il y a aussi beaucoup d’ironie dans ce qu’on fait. C’est assez intense sur scène… et la plupart des gens nous disent que c’est très sexy!" constate-t-elle en riant.

Avec sa nouvelle production White Death & Black Heart, Peter Kernel pousse encore plus loin l’enveloppe du concept en greffant au disque une autre création audiovisuelle: Il pomeriggio non si sa mai bene cosa fare. "Je crois qu’on aime se surprendre avec des projets qui s’imbriquent les uns aux autres et qui restent spontanés et humains. Au départ, la musique était directement inspirée par notre travail de cinéastes et les images. Je sais que les gens nous comparent parfois à Blonde Redhead, mais ce n’était pas notre intention d’emprunter cette direction artistique. Même que nous écoutions beaucoup de hip-hop il y a quelques années!"

"Aris est le principal compositeur et c’est le multi-instrumentiste du groupe, ajoute-t-elle. En ce qui me concerne, c’est la basse qui est devenue mon instrument de prédilection. Il se concentre beaucoup sur les structures pop des chansons qui, malgré les interprétations survoltées, sont tout de même très simples. Aris est aussi le principal détracteur de son travail! Ses compositions sont très mélodiques, mais il revisitera le tout pour déconstruire ce côté parfois catchy. Nous sommes dans la partie italienne de la Suisse, alors c’est peut-être pour ça qu’Aris a autant de facilité avec les mélodies. J’aime bien m’imaginer le concept noise pop pour décrire notre attitude."