Cults : Le culte de la pop
Musique

Cults : Le culte de la pop

Le talentueux duo Cults savoure le succès de son premier effort et orchestre déjà la suite. Quand la pop se met au service de  l’art.

Tout a commencé avec la sortie d’un simple EP et d’une chanson qui a rallié un grand nombre de mélomanes férus d’indie pop. Le duo new-yorkais Cults annonçait ses couleurs à la fin 2010 avec un premier hit, Go Outside, et l’accrocheuse Abducted ainsi que la ballade You Know What I Mean ont suivi pour nous confirmer tout le potentiel artistique du couple formé par Madeline Follin (voix) et Brian Oblivion (voix, guitare et claviers).

La facture sonore est rétro et on reconnaît là cet engouement pour les années 60 que plusieurs producteurs ont exprimé depuis cinq ans. Aujourd’hui, Cults s’ajoute à Lykke Li dans la catégorie des aficionados du wall of sound et de Phil Spector. Si le réalisateur Björn Yttling (Peter Bjorn and John) est derrière le succès de l’album Wounded Rhymes de Li, c’est sur Shane Stoneback (Vampire Weekend et Sleigh Bells) que Cults a porté son dévolu pour préciser sa direction artistique et peaufiner son son. Avec les voix conjuguées de Follin et Oblivion, la pop de Cults s’appuie sur des mélodies fortes et des syncopes presque cathartiques.

"Après le test du EP, tout y était pour faire un premier album, et le son d’ensemble était clair à notre esprit. Shane était l’homme idéal. C’est un bon réalisateur et aussi un excellent ingénieur du son. Avec lui, on avait un partenaire qui pouvait comprendre et traduire nos pensées en termes précis. Ensuite, tu suis ses directives et tu deviens un véritable interprète. On adore le résultat final, et je peux déjà te confirmer que le deuxième album sera produit avec Shane, que nous avons déjà rencontré pour déterminer l’agenda de production. C’est fait, on a trouvé le troisième membre du groupe!"

Brian Oblivion constate aussi que Cults n’est pas qu’un simple groupe rock. En fait, il aime bien décrire cette collaboration avec Madeline comme un duo artistique qui prend plaisir à toucher à toutes les facettes du métier. "Tu me parles des Ronettes et de Spector, mais ce qui nous influence beaucoup, c’est le cinéma. Lorsque tu regardes un film de Jim Jarmusch, par exemple, tu constates qu’il traite son sujet avec profondeur et qu’il porte un regard humain sur ses histoires. Mais sa réalisation fait en sorte que ses films sont aussi très divertissants! La pop, c’est comme une arme de destruction massive, il suffit ensuite d’en faire quelque chose d’artistique."

Dans le cas de Cults, c’est le contraste entre sa pop parfois rayonnante et sa poésie dramatique qui intrigue. En compagnie du cinéaste Isaiah Seret, Cults a d’ailleurs traduit en images cette dualité romantique avec les vidéos de Go Outside et You Know What I Mean. "Après le tournage de Go Outside, on savait qu’on voulait travailler avec Isaiah le plus souvent possible! Ce qu’on veut, c’est offrir un produit qui interpelle et qui reflète l’attitude artistique du groupe. Isaiah est talentueux et c’est chaque fois une expérience unique."

"Lorsqu’on s’est rencontrés pour discuter de You Know What I Mean, Isaiah nous a parlé de ce site, un ranch qui avait servi de camp d’entraînement pour des cascadeurs, ajoute-t-il. Tout l’équipement y était encore, dont ce gigantesque tremplin perché en hauteur! Les images sont fantastiques, c’est troublant, et Madeline y incarne son rôle d’amoureuse à la perfection. Ce qui n’était pas prévu, c’était d’inventer ce personnage, ce père jaloux grâce à qui je me retrouve brûlé vif! J’adore ces personnages marginaux, et cette atmosphère insolite et troublante."

Cette passion pour le septième art, le duo en fait un point d’honneur, et Oblivion cultive même quelques idées pour les spectacles de Cults sur scène. "Sortir du studio avec Madeline et amener ce groupe sur scène a été beaucoup de travail, admet-il. Ce qui est bien, c’est qu’avec de nouveaux musiciens en plus, on a pu développer le son live du groupe tout au long de la dernière année. Maintenant, on a une petite équipe technique qui s’occupe aussi des projections visuelles. Si j’avais un budget illimité, je crois qu’il y aurait des acrobates de cirque avec nous, et même des projections 3D! Faire un spectacle multidisciplinaire serait génial!"

D’ici là, Cults aura bientôt à renouer avec le studio après ce dernier chapitre de la tournée pour l’album homonyme. Soulignant que lui et sa partenaire veulent se renouveler et surprendre avec ce deuxième opus, Brian n’est pas sûr de vouloir roder les nouvelles pièces en spectacle. "Tu sais, cette nouvelle ère où tout le monde a une caméra dans la main, ça commence à me décourager. Tu te retrouves sur YouTube le lendemain d’un spectacle, le son est mauvais, et voilà, fini le plaisir de pouvoir découvrir une nouvelle chanson dans un contexte de qualité. Je suis peut-être nostalgique, mais j’aimerais bien que les gens se laissent émouvoir par la musique lors d’un spectacle au lieu d’être derrière leur petit écran portable. Mais on risque tout de même d’en faire une ou deux", conclut-il sourire en coin.

www.infofestival.com