Forum mondial de la langue française : Preuve de vie
Musique

Forum mondial de la langue française : Preuve de vie

En marge des prises de parole officielles au Forum mondial de la langue française, Monique Giroux propose trois jours de musique au confluent de cultures qui partagent une même voix.

"Vous savez, ici, les gens se réunissent et chantent encore ensemble pour se divertir", assure Monique Giroux. Ce ici, c’est le village de Petite-Vallée, en Gaspésie, où elle se trouve pour assister au festival de chanson qui en porte le nom.

C’est aussi, apparemment, un lieu en dehors du temps et des modes. Mais là n’est pas le sujet.

Nous sommes au coeur d’une discussion qui a pour objet la musique comme expression d’une culture. Sauf que chez cette ambassadrice de la chanson, on a le sentiment qu’il s’agit de bien plus encore. D’une preuve de vie, tiens. "Un des premiers contacts qu’on a comme humain, ce sont les chansons que nous chantent nos mères", poursuit l’animatrice radio-canadienne qui collectionne les cartes blanches de festivals depuis une vingtaine d’années (aux FrancoFolies, à Montréal en lumière), reproduisant l’idée dans ses propres émissions où elle invite ses artistes favoris à se produire lors de concerts radiodiffusés.

On craignait que l’animatrice, habituée à l’entière liberté ou presque, peine dans le carcan qu’impose un événement comme le Forum mondial de la langue française. "Sauf qu’il n’y avait pas vraiment d’obligation, révèle-t-elle, sinon de ne pas trop empiéter sur le territoire du Festival d’été de Québec, et donc de ne pas trop faire dans la chanson." Amusée par la contrainte, Monique Giroux décline donc la francophonie sur trois soirs en autant de thèmes: la parole avec le slam et le rap, la voix avec le chant classique, et le rythme avec les musiques africaines et haïtienne.

Ce dernier soir, le 4 juillet, Lynda Thalie, Kareyce Fotso, Didier Awadi et Élage Diouf seront réunis pour faire vibrer la foule. La veille, on fêtera l’anniversaire de la ville de Québec avec Marie-Josée Lord, le Camerounais Jacques-Greg Belobo et Bruno Pelletier en compagnie de l’Orchestre de la Francophonie.

Mais c’est la première soirée qui intrigue, puisqu’elle témoigne de la volonté de la directrice artistique comme de sa langue à refuser d’être empaillées vivantes en empruntant la voie de la modernité. Intitulé Les mots dits, le spectacle mettra en vedette les Grand Corps Malade, Queen Ka, Fabrice Koffy, Souleymane Diamanka, Samian et IVY, portés par la musique d’un ensemble dirigé par Alex McMahon (Plaster). "Le rap et le slam me réjouissent, s’exclame Monique Giroux, parce qu’il s’y dit des choses extrêmement importantes, et j’embarque là-dedans à fond. J’ai parfois l’impression que suis comme le personnage de L’étrange histoire de Benjamin Button [un film de David Fincher] et que je rajeunis musicalement… Disons que ça fait un bon moment que je n’ai pas écouté de Yves Montand, que je faisais tourner régulièrement dans les années 90."

Et elle n’est pas la seule à garder l’oeil mais surtout l’oreille bien ouverts. "Tous les soirs, des auteurs viendront déclarer leur amour à la langue française, précise Giroux. Pour Les mots dits, Antonine Maillet m’a proposé de faire un slam, imaginez!"

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