Get the Blessing : Bénédiction free jazz
Musique

Get the Blessing : Bénédiction free jazz

Vent de modernité au pays du free jazz, les membres de Get the Blessing font tourner les têtes bien qu’ils cachent les leurs.

Les membres du quatuor free jazz Get the Blessing ont beau jeu de se camoufler le visage sur leurs pochettes de disques et leurs photos promotionnelles. Même si les musiciens originaires de Bristol prétendent être plutôt moches, vieillissants et pas très photogéniques, on saisit vite l’ironie derrière ces masques de cellophane rouge, mauve, jaune et verte. Car avant toute chose, Get the Blessing fait parler de lui pour les CV de ses membres.

Mené par le bassiste Jim Barr (Portishead, Peter Gabriel) et le batteur Clive Deamer qui joue avec Radiohead en plus d’avoir considérablement contribué au développement rythmique du trip-hop (Portishead, Roni Size, Reprazent), le groupe de Bristol est complété par deux collaborateurs des Super Furry Animals: le saxophoniste Jake McMurchie et le trompettiste Pete Judge.

Mais la claque, c’est en écoutant leur tout nouveau disque qu’on la prend. Intitulé OCDC, ce troisième album nous fait voyager en territoire free jazz, un univers teinté par celui d’Ornette Coleman auquel se greffent d’intrigantes influences rock. "Nous avons fondé le groupe à la fin des années 90 dans le but de rendre hommage à Coleman, raconte McMurchie. C’est du moins notre amour pour le musicien qui nous a unis. Mais à cause de notre mentalité et de la nature de nos différents projets musicaux, nous n’attaquions pas ses pièces comme l’auraient fait de vrais jazzmen. Cette approche est demeurée dans notre processus de composition. Il y a le rock, le punk, la musique du Moyen-Orient et le trip-hop, mais il y a plus. Nos pièces sont aussi influencées par des films ou des livres."

Le saxophoniste fait notamment référence au sixième morceau d’OCDC, The Waiting, une pièce inspirée d’une nouvelle de l’auteur argentin Jorge Luis Borges dans laquelle un homme patiente avant qu’on vienne l’assassiner. "Nous voulions reproduire cette même tension et nous avons décidé de piger dans les ambiances krautrock à la Kraftwerk et Can pour y arriver. La plupart des compositions sont amenées par Jim qui nous présente un riff de basse. Il nous demande ensuite à quel film sa mélodie nous fait penser. Quelle scène en particulier. Une fois l’atmosphère trouvée, on construit quelque chose qui se doit surtout d’être accessible. C’est d’ailleurs le défi du free jazz, avoir du plaisir tout en demeurant mélodiquement simple et efficace."

Pour McMurchie, la force rythmique de Get the Blessing a permis au groupe de se distinguer, au point de remporter le prix du Meilleur album lors des BBC Jazz Awards de 2008 pour son premier disque All Is Yes. "Barr et Deamer jouent ensemble depuis tellement longtemps, ils se comprennent à 100%." Sauf qu’occupé par la présente tournée de Radiohead, Deamer ne pourra être sur scène à Montréal. Un handicap, la vie de supergroupe? "Oui et non. L’excellent Dylan Howe (fils du guitariste de Yes Rick Howe) le remplacera pour le concert. De toute façon, il se passe quelque chose lorsque Get the Blessing monte sur scène. C’est pour ça que le projet survit même si tous les membres sont très occupés. On a beau être affecté par le décalage horaire, malade ou en lendemain de veille, notre fatigue disparaît dès le spectacle entamé."