Lisa LeBlanc : Kraft Dinner et chansons trash
Lisa LeBlanc vit sur le highway pour se vider le coeur avec aplomb. Cette queen du folk-trash dompte la vie la pédale au plancher.
Elle court partout, Lisa LeBlanc, ces temps-ci. Au téléphone, nous la retrouvons sur la route, suivant un itinéraire de tournée où les dates se bousculent. Depuis la sortie du disque et le succès d’Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde et de Câlisse-moi là , l’Acadienne n’a pas le temps de souffler. Pourtant, elle garde ce sourire aux lèvres qui la caractérise, et les éclats de rire sont fréquents. C’est la bonne humeur; pas de doute, un road trip, c’est fait pour LeBlanc.
« Je reste une tripeuse de show, je viens de là, c’est mon background, souligne-t-elle. Ça fait quatre, cinq ans que je fais des shows sans avoir d’album. Le disque, oui, c’est nouveau pour moi, et je vois bien que c’est l’extra-push qu’il faut pour m’amener ailleurs. Il y a la promo et les entrevues, et maintenant je vois que ce monde-là s’ouvre à moi. Je connaissais pas ça, et là j’ai un peu un horaire de premier ministre! Mais, dans ma tête, il y a rien de changé. Moi, je fais des shows dans la vie, pis de la musique. »
Si la solitude est un sujet de prédilection pour cette jeune auteure-compositrice-interprète de 21 ans, lauréate du Festival de la chanson de Granby en 2010, son métier fait en sorte qu’elle peut au moins se retrouver devant son monde, au Nouveau-Brunswick ou au Québec (et même en France au mois de juillet). Ce monde qui aime les histoires d’amour qui finissent tout croche et contempler la solitude. « J’t’ai déjà dit que c’était pas original de dire qu’on est solitaire / Pis tu m’as répondu qu’être heureux, ça y’est pas plus« , chante LeBlanc dans Juste parce que je peux. « The highway has always been your lover / And one day you will know his name« , selon Lucinda Williams. « Connais-tu ça?! J’ai découvert Williams il y a quelques mois, pis ces dernières semaines, je l’écoute trop souvent. J’ai une phase obsessive Lucinda Williams, ça me touche! »
« Mes textes, c’est le reflet du style de vie que j’ai eu, ajoute-t-elle. Je viens d’un petit village (Rosaireville, seulement une quarantaine d’habitants), j’ai passé beaucoup de temps toute seule, je me suis retrouvée sur la route aussi et j’ai fait plusieurs petites tournées. Depuis que j’ai fini le secondaire, je mène une vie de bohème et je l’ai assumée. La solitude, c’est un sujet qui me touche et je crois bien que ça va continuer comme ça pour les années qui vont suivre. »
Câlisse-moi là – cri du coeur affirmé et lucide – nous a révélé la voix de l’auteure-compositrice-interprète qui ne manque pas de chien en concert. C’est à croire que les peines d’amour, ça marque sa femme. « Yep! Nombreux échecs amoureux dans mon cas! souligne-t-elle en riant. C’est ce qui explique cette chanson. C’est sûr, c’est un sujet universel, les heartbreaks. Y a rien d’original là-dedans, les trois quarts des filles écrivent là-dessus. C’est la peine d’amour ou être en amour. Le heartbreak, ben, quand tu le « feeles », c’est ça que ça fait et ça s’écrit d’un trait. »
Si elle le fait encore avec cette plume colorée et cette voix country incarnée, personne ne s’en plaindra. Quitte à se retrouver dans « un vieux film cheap de mafia américain » (Motel). « Je l’aime bien, cette phrase-là! avoue-t-elle en riant. J’aime beaucoup m’amuser avec des images kitsch ou trashy, c’est ma manière à moi. Des fois, je constate que certaines émissions de variétés sont ben correctes dans un coin de pays, pis après tu te retrouves en ville et tu vois que c’est perçu comme étant méga-quétaine! Je sais pas pourquoi, mais ça me fascine! »
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