Big Boi : Think big
Musique

Big Boi : Think big

Le rappeur Big Boi prend le plancher et s’affiche avec panache. Pour son nouvel album, l’artiste nous promet une bombe, rien de moins. OutKast, c’est de l’histoire ancienne.

Amusé, Big Boi constate à l’oreille que son interlocuteur porte le même prénom que lui. "Antwan!? Vraiment? interroge-t-il. Ça fait longtemps que j’ai entendu ça!" Après avoir décliné son vrai nom, Antwan Patton, l’artiste en profite pour nous faire la genèse de son alias qui en impose. "Jeune, j’étais celui qui faisait ses pompes tous les jours et mes amis ont vite remarqué que j’avais le physique de l’emploi! relate-t-il à propos de ses souvenirs de jeunesse dans l’État de Géorgie. Alors "Big Boi" est devenu mon surnom, et je l’ai gardé lorsque j’ai commencé à faire carrière. On aime bien les surnoms dans le hip-hop, tu l’as remarqué? J’ai choisi "Left Foot" lorsque j’ai sorti mon premier album solo [Sir Lucious Left Foot: The Son of Chico Dusty]. C’était seulement pour montrer que ce nouveau chapitre était un fait de maturité. Mais je resterai toujours Big Boi, je ne suis quand même pas obsédé par les surnoms au point d’être pointilleux et de te faire la leçon sur lequel employer. Allons-y avec Big Boi."

Personnage coloré, le cofondateur du duo OutKast (avec André 3000), formation hip-hop qui a marqué les palmarès au début des années 2000, compose maintenant avec une vocation de producteur attitré et celle d’artiste solo à part entière. À titre de producteur et de réalisateur, le Big Boi en question regarde cette profession comme une formalité. "Que ce soit avec Janelle Monae [pour la chanson Tightrope ou pour mon étiquette [Purple Ribbon Label], je me retrouve dans la situation où je dois faire de la bonne musique. Ça veut dire plaire aux gens qui vont l’acheter et ensuite aller voir les concerts. Ça fait tellement longtemps que je fais ce métier… Oui, je suis le gars qui va faire une performance sur scène: le rappeur. Mais ça, c’est la récompense. La clé, c’est la musique."

Et celle d’OutKast nous aura marqués. La sortie de l’album Stankonia il y a plus de 10 ans aura été un fait marquant dans la carrière du duo, qui a réussi à remettre au goût du jour le soul, le funk et le rock dans la culture populaire hip-hop. Maintenant bien en selle avec sa prolifique carrière solo, Big Boi s’apprête à lancer son deuxième album solo l’automne prochain. Une nouvelle production qui s’intitulera Vicious Lies and Dangerous Rumors.

"Quel titre, tu ne trouves pas? Depuis trop longtemps, j’ai l’impression que chaque fois qu’on me parle de mon travail, tout se limite à OutKast ceci, OutKast cela… Comme si tout tournait autour de ce groupe. Les gens disent vraiment n’importe quoi. Maintenant, ça suffit. Je veux être clair à ce sujet. Ce nouvel album sera votre dernière chance, et je parle à ces pseudo-journalistes qui ne veulent rien comprendre et qui ne font pas leur travail. Vous aimez cette musique ou vous allez vous faire foutre. Je n’ai pas à vivre dans le passé ou à justifier qui je suis. Sérieusement, je ne suis même pas sûr si ces détracteurs savaient ce qu’était OutKast. Ce prochain album sera une bombe. Ça, je te l’assure."

Malgré cette mise au point plutôt directe, le rappeur admet avec un sourire que le travail accompli avec son collègue André 3000 le comble encore aujourd’hui de fierté. "On avait un rêve et on avait le talent. OutKast, c’était ça: deux gars qui ont travaillé fort. La seule chose qu’on se répétait, c’est qu’il fallait y croire. On s’est lancés à fond, et on a tout donné. The rest is history."

"Tu sais, la musique, c’est beaucoup de chiffres, illustre-t-il. Deux semaines après la parution de Speakerboxxx/The Love Below [cinquième disque d’OutKast], l’album était déjà platine [un million de ventes], et il s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires par la suite. On ne peut pas dire que ce concept de double album était une mauvaise idée, bien au contraire. Je considère ce chapitre comme mon premier album solo, et j’en suis très fier. Déjà, j’avais le sentiment de faire mes preuves, et André aussi. Sir Lucious Left Foot est sorti ensuite et les gens l’ont aimé. Avec le nouvel album qui sortira bientôt, je ne peux qu’être confiant pour la suite", renchérit-il avec panache.

Très loquace, l’artiste pourrait facilement se montrer critique envers les nouvelles starlettes R’n’B et hip-hop qui semblent dénaturer le genre musical qu’il chérit. Nicki Minaj, à titre d’exemple. Diplomate, Big Boi se garde bien d’en rajouter et se contente de regarder vers l’avenir, avec entre autres la carrière de sa fille Gabby Ray dont il produit le premier album. "Le hip-hop est très populaire et la scène est encore très vivante. Je crois que les fans ont assez de discernement pour reconnaître la bonne musique et ignorer le reste. C’est pour eux que je fais ce métier. Il n’y a pas d’autre raison."