Grimes : Une vision précise
Malgré une musique atypique plus près du chant d’Enya que de la fougue d’Arcade Fire, le projet montréalais Grimes brille de tous ses feux sur la scène internationale.
Originaire de la Colombie-Britannique, la chanteuse anglophone est débarquée à Montréal en 2006 pour étudier en sciences à l’Université McGill. Or, Claire Boucher n’a pas fait long feu sur les bancs de l’institution, se faisant expulser à cause d’un taux d’absentéisme élevé. "Je commençais à faire de la musique et mes amis des Silly Kissers m’ont invitée à partir en tournée avec eux. Nous étions en plein mois d’octobre, mais je ne pouvais pas refuser."
Sous contrat avec l’étiquette montréalaise Arbutus, tout comme les Silly Kissers et Sean Nicholas Savage – qui a initié Claire Boucher à la musique -, Grimes a fait paraître les albums Geidi Primes et Halfaxa avant de se faire remarquer par l’influent label britannique 4AD qui a lancé son troisième disque, Visions, le 31 janvier dernier. Depuis, Grimes est vu à l’international comme une énième preuve de la vitalité musicale montréalaise, et ce, malgré le côté plus ésotérique de Visions. "J’ai un jour entendu quelqu’un comparer ma musique au chant d’un ange sur fond de battements de coeur de machine. J’ai adoré le double sens, à la fois émotionnel et mécanique", confie la fan avouée d’Enya.
Sans structure apparente, les pièces de Grimes déroutent au premier abord par leurs rythmes électroniques minimalistes, leurs multiples pistes de voix vaporeuses et leur utilisation d’effets et de bruits mystérieux. "C’est vrai que ma musique est expérimentale, mais mon but est toujours d’y inclure des références pop qui la rendront accessible. Ainsi, même si ma musique est bizarre, elle est facile à comprendre. Lorsque je termine une chanson, je la considère comme réussie si elle respecte cet équilibre parfait entre expérimentation et pop."
Si Claire Boucher ne se gêne pas pour utiliser le "je" lorsqu’elle aborde le processus de création des albums de Grimes, c’est qu’elle souhaite garder le plein contrôle artistique du projet. Elle entend d’ailleurs continuer à composer et à enregistrer seule les pièces du groupe, même si trois musiciens l’accompagnent sur scène. "Ma musique est trop personnelle pour en partager la création, et j’ai déjà une bonne idée de la direction que prendra le prochain disque. J’aimerais qu’il se divise en deux parties. L’une plus industrielle et agressive, et l’autre plus posée, peut-être même a cappella."