Marc Copland et John Abercrombie : Jazz et pluralité
Musique

Marc Copland et John Abercrombie : Jazz et pluralité

Le pianiste Marc Copland retrouve son complice John Abercrombie à Québec. Les deux jazzmen comptent même immortaliser cette  réunion.

La visite de Marc Copland à Québec en compagnie du guitariste John Abercrombie nous offre l’occasion rêvée de faire le point avec ce pianiste de renom qui s’est montré particulièrement productif ces dernières années. Que ce soit en trio avec Gary Peacock (contrebasse) et Bill Stewart (batterie), avec qui il a signé trois disques pour le concept New York Trio Recordings, ou encore dans le chapitre intitulé Some Love Songs avec le contrebassiste Drew Gress et le batteur Jochen Rückert, on constate que le musicien a atteint une maturité artistique exceptionnelle. Aujourd’hui, cet interprète de 64 ans est l’un des improvisateurs les plus prisés de la planète jazz.

Les noms se bousculent dans l’esprit de Marc Copland lorsqu’on l’amène à nous expliquer sa personnalité musicale et cette signature qui le distingue au piano. Brillant technicien, mais aussi véritable poète au clavier, l’artiste nous révèle deux pôles qui ont marqué ses débuts au piano après qu’il eut touché au saxophone. "Il y a toujours un artiste, une influence qui vous guide en tant que musicien, admet-il. Pour moi, il y a de cela 40 ans, c’était le pianiste Herbie Hancock. Surtout en ce qui concerne ses procédés harmoniques. Mais pour ce qui est du feeling, c’était Bill Evans. Il jouait avec son coeur. Je me souviens d’une nuit mémorable, au tournant des années 70, où j’étais allé l’entendre. Le club était presque vide… J’étais en compagnie d’un bassiste et de mon ex-épouse, une excellente chanteuse. De le voir ainsi à l’oeuvre, seulement pour nous, sculpter chaque note avec soin, ce fut une grande leçon de musique pour moi."

En terrain connu à côté d’Abercrombie, le pianiste revisitera sans doute avec son complice le répertoire de leur dernière collaboration discographique, Speak to Me. Un exercice chambriste qui laisse une place prépondérante au dialogue et à l’improvisation. "On se réinvente toujours, lui et moi. Ce qui compte, c’est d’avoir en face de soi un artiste qui sait bien écouter. John, c’est un guitariste tout en finesse. Mais en même temps, avec ces deux instruments, on peut reproduire des textures harmoniques presque orchestrales. On va se mettre à l’oeuvre, et on verra bien où la musique va nous amener", indique-t-il cette fois-ci dans un excellent français, tout en précisant que ces deux concerts seront enregistrés en vue d’une production discographique.