Ron Sexsmith : À l'ombre de Sexsmith
Musique

Ron Sexsmith : À l’ombre de Sexsmith

Ron Sexsmith est un troubadour des temps modernes qui sculpte ses chansons avec soin. Discussion avec cet artisan prolifique.

On pourrait le qualifier d’artisan de la chanson. L’auteur-compositeur-interprète Ron Sexsmith a toutes les allures d’un puriste au sein de la communauté musicale canadienne. Plébiscité par John Hiatt, Paul McCartney et Elvis Costello, trois artistes qui l’ont épaulé au début des années 90, ce folk singer est considéré comme un petit génie à la plume miraculeuse. "Dès le départ, on ne reconnaissait que mon talent pour l’écriture. Mon rêve, c’était d’avoir un contrat de disques et de chanter mes chansons", précise-t-il en revenant sur les débuts de sa carrière.

"Mon premier contrat, je l’ai signé avec une maison d’édition… C’était bien, sauf que le gestionnaire de cette boîte ne cessait de me répéter que je n’avais pas de voix et que j’étais trop timide; jamais je ne ferais carrière à titre d’interprète. Alors, dans les années 80, j’étais sûr que j’allais passer ma vie dans l’ombre des vedettes rock! Avec de la chance, quelques-unes d’entre elles allaient chanter mes chansons. C’est peut-être ça qui explique mon style d’écriture. Je ne fais pas de journal intime, mes chansons ne sont pas autobiographiques. J’ai toujours eu la discipline d’écrire une chanson avec le sentiment qu’elle devait être universelle. J’admire ces auteurs des années 30 et 40, Johnny Mercer et Cole Porter. La musique est parfaitement construite et les paroles sont imbriquées dans la mélodie. Ce sont ces grands maîtres qui me dictent la trajectoire à suivre."

Le parolier a finalement fait carrière à titre d’interprète et a signé son 12e album l’année dernière. Long Player Late Bloomer en a même surpris plusieurs par sa facture pop-rock, moins folk. L’ingrédient secret qui a changé la donne: le producteur canadien Bob Rock. "On s’est croisés aux Junos. Je dois avouer que je suis un grand fan de rock et que j’avais vu le documentaire de Metallica [Some Kind of Monster, où l’on voit le producteur réaliser le Black Album]; j’étais curieux de lui parler. Lorsqu’il m’a dit qu’il était un fan de ma musique, j’avoue que je ne l’ai pas cru!"

"C’est Bryan Adams et k.d. Lang qui m’ont convaincu par la suite de choisir Bob, ajoute-t-il. Puis, Michael Bublé [qui interprète quelques chansons de Sexsmith] est revenu à la charge en me disant que ce producteur était génial. Bob est solide et c’est très rassurant de l’avoir à ses côtés. Avant de faire ce disque, nous nous sommes rencontrés à Los Angeles et avons déjeuné ensemble. J’ai vu que nous avions beaucoup de points communs. C’est un grand admirateur de pop-rock britannique: Elton John, David Bowie et The Kinks. Je suis fou de ces artistes. Je savais qu’il aimait mes nouvelles chansons, et grâce à lui, j’ai pu être entouré d’une équipe de musiciens exceptionnels. Pour mon estime personnelle, j’avais besoin d’être valorisé et de faire un disque avec des pros. Je sortais d’une dépression et je devais renouer avec ce métier en ayant du plaisir. Avec Bob au volant, fini les migraines!"

Et qu’en pense son fan numéro un, Elvis Costello? "Oh! Nous avons écouté la maquette de cet album ensemble, dans une voiture, à Vancouver lors des Olympiques. Il a dit au chauffeur de continuer de rouler à trois reprises! Je crois qu’il a aimé", conclut-il en riant.