Beirut : La boîte à musique
Musique

Beirut : La boîte à musique

Le destin du groupe Beirut est de se métamorphoser selon les directives de son chef d’orchestre. Zach Condon est là pour se  réinventer.

Lors de la réalisation de son dernier album, intitulé The Rip Tide, Zach Condon voulait sortir de sa tête et se plonger dans un processus de création intuitif. Si son précédent opus, The Flying Club Cup, a souligné les talents de multi-instrumentiste (et d’arrangeur, en compagnie d’Owen Pallett) de l’artiste, cette dernière production affiche les talents de leader du fondateur de Beirut. Avec à peine quelques idées écrites dans son carnet et des musiques compilées au hasard, Condon s’est retrouvé en studio avec des musiciens de prédilection pour échafauder les neuf pièces de ce troisième effort. "Être avec des gens que je connaissais, musiciens et ingénieurs de son, des personnes avec qui j’ai tourné depuis des années, cela me suffisait pour avoir confiance en mes moyens dans un tel contexte", indique-t-il.

"Auparavant, j’étais seul avec la responsabilité d’interpréter la plupart des instruments tout en travaillant sur les arrangements. C’était ça mon modus operandi. En de telles circonstances, tu es dans ta bulle, très solitaire, en contrôle de tout. La création devient alors un grand secret. C’est un peu étrange comme sentiment… Pour The Rip Tide, j’ai décidé de proposer l’ensemble de mes idées au moment même où j’ai rencontré les musiciens en studio. Dès cette première journée, on enregistrait. Au fur et à mesure, je précisais mes idées et l’ensemble de la musique s’est réalisé comme ça. Seulement deux semaines et tout était fait. Je dois maintenant vivre avec le résultat de cette expérience!" constate-t-il en riant.

Il n’a pourtant pas à s’en faire. Même si cette direction artistique donne un résultat pour le moins surprenant, les admirateurs de Beirut ont répondu à cette nouvelle suggestion musicale plus pianistique et même pop dans certaines circonstances. L’artiste prodige qui, à l’âge de 19 ans, se retrouvait à la barre de Beirut après avoir galéré comme trompettiste et musicien en Europe pendant quelques années a décidé de mettre la pédale douce sur les arrangements de cuivres expansifs.

Au départ, c’est la musique foraine italienne et certains compositeurs slaves qui semblaient être au coeur de ses motivations artistiques. Maintenant, ce natif de Santa Fe est revenu sur le territoire américain et c’est la culture sud-américaine qui berce ses oreilles. "Surtout la musique brésilienne, c’est sûr. Je suis allé au Brésil à quelques reprises, et la musique y est omniprésente. Il y a tellement de choses à faire là-bas… c’est difficile de se concentrer uniquement sur la musique! J’y ai vu quelques ensembles de percussionnistes extraordinaires. Ce n’est que de la spéculation, mais j’ai quelques idées de mélodies et de rythmiques que j’aimerais bien enregistrer avec des musiciens brésiliens, à São Paulo ou peut-être à Rio."

Tout est bien possible pour cet artiste indépendant maintenant à la tête de sa propre compagnie de disques (Pompeii Records). "Il m’a fallu six ans pour concevoir cette dynamique et créer cette compagnie. Pour l’instant, il n’y a que Beirut, alors c’est fort simple de se concentrer sur cette réalité de producteur. Je peux maintenant m’asseoir chez moi et profiter d’une vie plus sédentaire. En fait, je vois maintenant ce qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas!"