Bettye LaVette : I Will Survive
Musique

Bettye LaVette : I Will Survive

Bettye LaVette renouvelle pour son plus grand plaisir son catalogue de chansons et continue d’épater la galerie. Cette Etta James des temps moderne n’a pas dit son dernier mot.

La ville de Détroit a connu ses heures de gloire non seulement grâce à l’automobile, mais aussi grâce à l’étiquette de disques Motown fondée par Berry Gordy. Le rhythm and blues et le soul inondaient alors les ondes et une jeune fille de 16 ans lançait sa carrière en 1962. Bettye LaVette a connu son premier hit trois ans plus tard avec le single Let Me Down Easy, une chanson qui la hante encore aujourd’hui. "Depuis l’album I’ve Got My Own Hell to Raise il y a six ou sept ans, je vis un nouveau chapitre dans ma carrière. J’ai à nouveau plein de nouvelles chansons à apprendre… à mon âge! Mais Let Me Down Easy revient par moments en concert. Après toutes ces années, celle-là, je suis un peu fatiguée de l’entendre!" avoue-t-elle en riant de bon coeur.

La carrière de cette grande dame du soul et du rhythm and blues à la voix rocailleuse et chaleureuse est particulière. Après quelques passages à vide, elle a tout de même réussi à se tailler une place de choix dans l’industrie, et sa rencontre avec le producteur Joe Henry pour l’album I’ve Got My Own Hell to Raise lui donnera l’occasion de revenir à l’avant-scène avec un répertoire de prédilection. Des chansons de Dolly Parton, Sinéad O’Connor, Aimee Mann et Fiona Apple, toutes revisitées avec soin par cette voix unique.

"On me dit éclectique, mais ce que les gens ne comprennent pas en disant cela, c’est que je suis une interprète. Une interprète, son métier, c’est chanter! J’avais 16 ans lorsque mon premier disque est sorti, et à cet âge, on chante ce que l’on entend à la radio: de la musique pop. Par la suite, j’ai touché un peu à tout, selon les modes. La seule musique que je ne chante pas, c’est du gospel. Ceux qui chantent du gospel ont la foi dans cette musique, moi non. Mais pour le reste, je n’ai pas de problème. C’est du soul, du blues, du country, du rock britannique… Si j’aime une chanson et ses paroles, je la chante. Bien sûr, avec ma voix, un country ou une chanson jazz deviendra du soul ou du rhythm and blues. Ce ne sont que des chansons, mon chou."

Avec son dernier disque, intitulé Interpretations: The British Rock Songbook, c’est maintenant Pink Floyd, Paul McCartney, les Rolling Stones et même The Who qui sont revisités à la Bettye LaVette. Rien de bien étrange aux yeux de cette artiste qui n’a cessé de se renouveler. "Regarde les carrières de Marvin Gaye et des Supremes. Ce sont mes contemporains, ils sont devenus des stars. Si j’étais devenue une star, je n’aurais pas travaillé comme je l’ai fait et je n’aurais pas cette voix aujourd’hui. Je n’aurais chanté que mes vieux hits des années 60 et j’aurais passé tout mon temps à n’être qu’une star! J’ai dû travailler. J’ai dû apprendre le tap dancing pour faire partie d’un spectacle à Broadway. Aujourd’hui, je me retrouve avec toutes ces nouvelles chansons et, tu dois me croire, je ne m’ennuie pas! Je ne suis pas nécessairement artsy, mais j’aime bien sortir des sentiers battus et être de mon temps. Je ne suis pas une relique du passé et ça, c’est une chance!"