Mastodon : Mastodonte du métal
Musique

Mastodon : Mastodonte du métal

Mastodon poursuit sa conquête, mais se garde bien d’être arrogant. Ce groupe a les deux pieds sur terre et nous réserve encore des surprises.

Neuf mois déjà que Mastodon est sur la route sans interruption et qu’il fait rugir sa machine heavy metal à travers le monde. Depuis la sortie de l’album The Hunter, le quatuor américain n’a pas eu le temps de respirer, poursuivant l’aventure là où il l’avait laissée lors de la précédente tournée pour le disque Crack the Skye. C’est d’ailleurs avec ce disque sorti en 2009 que la notoriété du groupe a atteint un sommet. Depuis ce temps, pas de répit pour ces quatre gaillards d’Atlanta.

"C’est difficile de se plaindre", précise Brann Dailor, batteur au sein du groupe qu’il a fondé en compagnie de Brent Hinds (voix, guitare), Troy Sanders (basse) et Bill Kelliher (guitare). "On tourne beaucoup et les critiques sont bonnes pour The Hunter. Les scènes et les salles où nous passons sont de plus en plus grosses, on voit le nom du groupe grossir sur les affiches des festivals, ce qui nous motive encore plus. Malgré tout, les quelques jours de repos que nous aurons avant notre prochaine visite à Québec seront une vraie bénédiction. D’être de retour à la maison pour décompresser un peu, ce ne sera pas de refus."

Ce marathon de spectacles, Mastodon semble y être accoutumé depuis belle lurette. Difficile d’expliquer l’endurance de ce groupe qui rallie beaucoup plus que des irréductibles de heavy metal devant la scène. "Cette année, je crois que c’est la première fois que le groupe réussit à se produire dans des festivals autres que heavy metal. En Europe, ces derniers temps, on a partagé la même scène que Jack White, par exemple. Le week-end dernier, on s’est retrouvés à faire la fête avec les gars de Justice et The Cure. On ne peut pas dire qu’on est dans le même créneau musical!" nous illustre Dailor.

Il est vrai que Mastodon ne fait pas les choses comme les autres. Alliant à une solide base de hard rock et de heavy metal une touche progressive, cette formation est parfois difficile à cantonner dans une catégorie bien précise. "On n’a pas de règles au sein de ce groupe, précise le batteur. Il n’est pas question pour nous de s’obstiner à refaire le même album et de s’emmerder à ne faire que du heavy. Je crois que ce serait malhonnête de faire ça. Chacun des membres de ce groupe écoute beaucoup de musique, et ça va bien au-delà du heavy metal. Ces influences sont perceptibles dans nos chansons et ça peut donner des résultats surprenants. La pièce Creature Lives, par exemple, qui détonne sur The Hunter. Mais c’est ce que nous voulions expérimenter, élaborer de nouvelles structures de pièces. On aime bien inclure quelques surprises à l’intérieur d’une composition. Et on constate que, comme nous, les amateurs du groupe sont de très grands fans de musique. On emprunte plusieurs directions musicales, mais les gens sont habitués à ça avec Mastodon."

La formation a même surpris ses inconditionnels lorsqu’elle a fait appel aux services du réalisateur Mike Elizondo pour The Hunter. Lorsqu’on regarde le curriculum vitae de ce producteur émérite, on le serait à moins. Que peuvent bien avoir en commun un musicien de cette trempe, qui travaille depuis des lustres avec les rappeurs Dr. Dre et Snoop Dogg, et un groupe métal? "Ça, cette question, on se l’est posée aussi, constate Dailor en riant. Mike nous a fait le message par l’entremise de notre compagnie de disques qu’il adorait Mastodon et désirait travailler avec nous. On était curieux et on s’est rencontrés pour parler de musique. C’est un grand amateur de rock progressif et de heavy metal. Nous, même si on n’est pas des amateurs de hip-hop, on savait qui était Dr. Dre et on se disait que si le gars travaillait avec lui depuis aussi longtemps, ce devait être un pro!"

"On a été épatés par son talent, ajoute-t-il. Mike est un musicien qui a fait le conservatoire et qui a joué de la contrebasse dans quelques orchestres symphoniques. Il connaît tout, et il sait comment analyser une composition. On ne s’imaginait tout de même pas qu’en travaillant avec lui on allait faire du rap. Par contre, lorsque tu écoutes Dr. Dre, tu constates que la production est très bonne. Dès le départ, on a su qu’on pourrait amener ce nouveau répertoire ailleurs et continuer d’expérimenter. On ne regrette pas ce choix, bien au contraire. Et de plus, ça a fait jaser!"

Maintenant qu’il est bien établi sur la scène musicale internationale, Mastodon compte bien se renouveler encore dans les années à venir. Jusqu’ici, cette attitude lui porte chance, et Brann Dailor et ses collègues gardent la tête froide devant le succès commercial que connaît leur groupe. "On a fait du chemin depuis notre Atlanta natale. On sait c’est quoi jouer devant des salles vides. Mais on s’est toujours botté le cul pour faire de bons concerts. C’est comme ça qu’on s’est rendus jusqu’ici. Ce job, on le mérite, il n’est pas question que ça s’arrête."