Metric : Bien réel
Musique

Metric : Bien réel

Metric nous présente Synthetica, un cinquième album dont l’architecture sonore est savamment orchestrée. La formule est  éprouvée.

On a mis la barre haute dans l’équipe de Metric pour cette nouvelle parution intitulée Synthetica. Les entrevues se multiplient pour Emily Haines et James Shaw, et au moment où on joignait ce dernier à Toronto, la formation indie-rock canadienne allait donner son premier spectacle depuis sa sortie du studio. "C’est excitant et stressant, admet Shaw. On a travaillé fort ces derniers mois, mais la fatigue devrait disparaître avec l’adrénaline de la tournée! C’est notre deuxième album sur notre propre étiquette [Metric Music International]. La mécanique est bien rodée et nous ne répéterons pas les erreurs du passé. En créant cette compagnie, nous voulions être libres de travailler à notre rythme et surtout de proposer les concepts de notre choix. On réalise maintenant que ça valait le coup de créer cette entreprise."

Ce cinquième album marque aussi un certain retour aux sources pour le quatuor, qui renoue avec le new wave et délaisse quelque peu l’attitude rock. On est loin de Fantasies, qui nous offrait le matériel le plus pop que la formation ait jamais signé. "Et c’était notre intention avec Fantasies de réaliser un exercice pop intégral", précise le principal compositeur de Metric. "C’était une direction artistique sans compromis et nous avons respecté jusqu’au bout cette vision. Pour Synthetica, c’était l’inverse. On s’est retrouvés en studio et nous avons composé une à une ces nouvelles chansons sans même penser à un concept précis. C’est par la suite, lorsque j’ai réécouté les maquettes, que j’ai pu distinguer une ligne directrice, une certaine esthétique."

"Lorsque nous avions fait World Underground, Where Are You Now? [le premier album officiel du groupe], se rappelle-t-il, nous voulions nous amuser avec le new wave en ayant une attitude de band rock. Synthetica, c’est l’oeuvre d’un groupe qui a plus de 15 années de métier derrière la cravate. C’est new wave, mais c’est surtout l’instrumentation que nous voulions peaufiner au maximum. Je ne peux pas te dire combien de claviers nous avons pu utiliser! En travaillant avec Liam O’Neil [qui a épaulé Metric à la réalisation], nous avons pu élaborer une banque de sons incroyable. Liam est passionné de musique électronique. C’est le savant fou qui se cache derrière cette nouvelle sonorité."

À la lecture des thèmes abordés par le groupe, on constate une écriture plus directe qui s’interroge sur le caractère superficiel de notre joli petit monde dominé par la technologie et le virtuel. Les paroles qui ouvrent le disque avec la chanson Artificial Nocturne: "I’m just as fucked up as they say." "Ça ne laisse pas de place à l’ambiguïté! En fait, on ne porte pas de jugement sur ces nouvelles habitudes de communication. On constate seulement que cette technologie ambiante génère la désillusion et la confusion. On ne se voit plus, on ne se parle plus de vive voix, on se texte… On comptabilise l’amitié par tranches de 1000 sur Facebook… On ne distingue plus trop ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. J’ai l’impression qu’on perd la notion de ce qu’est la réalité. C’est peut-être ce thème qui se répète le plus souvent sur l’album: what’s real?"