Loon Choir : La grande troupe
Au fil des dernières années, Loon Choir s’est inscrit comme l’une des formations locales les plus intéressantes du moment. Avec sa seconde parution, Fire Poems, le collectif zyeute désormais un lopin de terre à même la cour des grands.
Oui, il est commode, voire un peu réducteur, de comparer Loon Choir aux illustres Arcade Fire. Il faut dire que les comparaisons sont faciles à dresser entre les deux groupes. Parce qu’à l’instar de la troupe montréalaise, Loon Choir se déploie autour des talents de plusieurs musiciens. Et comme Arcade Fire, sa musique à panoramas grand écran s’articule autour de synthés, d’un violon et d’harmonies hommes-femmes. Il faudrait toutefois lui donner le temps de faire ses preuves, n’est-ce pas? Le claviériste Brad Sheffield acquiesce et affirme: "C’est en fait quelque peu embarrassant de se voir comparé à un si grand band. Ce qu’il y a de bien, c’est que nous utilisons ce qu’Arcade Fire fait comme point de départ pour décrire notre son. Au lieu d’utiliser des expressions absconses comme "art rock" ou "indie pop dance", on dit simplement qu’on fait de la musique dans le genre d’Arcade Fire."
Si son premier album Expansion Forces (2010) émettait les idées fondatrices des musiciens de Loon Choir – Derek Atkinson (chant, guitares) Nicole Yates (chant, piano) Dan Larmour (guitares, chant), Jamie LeClair (basse), Julien Jacobi (batterie) et la nouvelle recrue, Kathleen Cauley (violons) -, c’est sur son successeur, Fire Poems, que le groupe gagne en tonus et se permet de jolies digressions par rapport au code indie cool. "Lors de l’enregistrement de l’album, nous étions tous très excités parce que nous savions que nous étions en train de prendre part à quelque chose qui allait sonner vraiment bien."
Comme Expansion Forces, Fire Poems a été réalisé par James Bunter, trompettiste et batteur au sein d’un autre collectif ontarien qui oeuvre dans l’art rock, Ohbijou. Contrairement à la liminaire parution autoproduite et autodistribuée, Fire Poems pourra rayonner de façon pancanadienne, puisque Loon Choir a déniché un contrat avec la maison Parliament of Trees, située à Winnipeg. Sheffield explique: "On a joué avec Kalle Mattson [formation locale aussi sur Parliament of Trees] pendant le Juno Fest à la fin mars, et les gars de Parliament of Trees étaient là; les premiers contacts se sont faits. Je leur ai envoyé l’album, le reste fait partie de notre grande histoire!"
Il poursuit: "Je me plais à penser que peu importe l’endroit d’où tu viens, si ce que tu fais est assez bon et que tu travailles fort, tu peux réussir. Évidemment, les marchés importants comme Toronto ou New York offrent plus d’occasions de faire des concerts locaux, mais il y a plus de bands qui tentent leur chance dans ces villes. En gros, c’est difficile de connaître du succès en faisant de la musique. Point à la ligne."
L’album, Sheffield le qualifiera de plus poétique. Les six musiciens ont puisé leur inspiration à même ce qu’ils ont vécu comme chamboulements au fil des derniers mois. À ce propos, Sheffield conclut: "De la perte la plus dévastatrice à l’énergie pleine de jeunesse, tout peut représenter une matière première pour la création."