Heavy MTL : Autopsie métallique
À l’approche de la cinquième édition de Heavy MTL, un trio d’observateurs du métal prend le pouls d’un genre musical aussi tonitruant que tentaculaire.
De plus en plus pop
Genre popularisé à la fin des années 60 par les Black Sabbath et Deep Purple, le heavy métal aurait atteint sa maturité au cours des dernières années, selon Sébastien Houde, cocréateur du blogue spécialisé www.boulevardbrutal.com. "Après les balbutiements des années 70 et les expérimentations des années 90, le heavy métal est maintenant plus assumé. Ses sous-genres sont mieux délimités. De plus, des barrières sont tombées. Le heavy métal est plus cool que subversif de nos jours."
Comme le genre n’est pas tributaire des radios commerciales ni des courants musicaux de l’heure, Christine Fortier, journaliste métal pour Voir et animatrice radio, constate aussi une certaine pérennité. "Depuis le début des années 2000, tout ce qui est "core" – le hardcore, le deathcore, le metalcore – est devenu très populaire", explique celle qui tient la barre du Grimoire du métal, émission diffusée sur les ondes de CISM depuis 15 ans.
Cette stabilité découlerait du fait que la nouvelle génération d’artistes manque de recul, selon Fortier. "Au-delà des grands noms à la Metallica, Slayer et Megadeth, j’ai l’impression qu’ils ne fouillent pas assez [avant de se lancer]. On émule ce qui est populaire", indique-t-elle tout en pointant du doigt le metalcore qui se fait plus accessible en combinant riffs brutaux, chants bourrelés typiquement emo et textes plutôt fleur bleue. "On est loin du hardcore new-yorkais des années 90 où l’on critiquait en plus de transgresser", note Christine au passage avant d’indiquer que la crise du disque fait aussi en sorte que les maisons de disques spécialisées tentent, elles aussi, de rejoindre un public plus large afin de subsister. "Tout comme il y a des labels, comme Victory Records – qui ne mettait sous contrat que des groupes punk auparavant -, qui entrent dans la danse car le metalcore interpelle un public de choix: les jeunes. C’est une vague, tout simplement", ajoute Yanick "Klimbo" Tremblay, collaborateur métal pour les sites www.bangbangblog.com et www.musikuniverse.net.
Une scène locale vibrante
Au Québec, par contre, la scène métal se porte quand même bien, selon Tremblay. Ainsi, après un creux découlant de la montée du grunge au cours des années 90, le terroir métal est aujourd’hui aussi vibrant qu’exportable. "On compte de plus en plus de groupes death métal québécois, comme Beneath the Massacre et Neuraxis, qui offrent un produit comparable à ce qui se fait à l’international", tranche-t-il avant d’élaborer sur la variété métal retrouvée au Québec. "Au niveau de la musique un peu plus pimpante, il y a Blackguard qui est excellent. Puis, un peu plus dans l’underground, dans le black métal, il y a le groupe Forteresse. Malgré un produit très lugubre, le groupe jouit d’une forte réputation en Europe. De plus, Forteresse chante en français."
Évidemment, cette percée québécoise n’est pas nécessairement synonyme de succès financier. "À la base, ça prend un produit original, mais aussi des gars capables de s’entasser dans une van de tournée pendant dix mois pour un salaire d’à peu près 5,75$ par concert", note Tremblay, pince-sans-rire.
Le meilleur des deux mondes?
Alors que la présente édition de Heavy MTL réunit de grands noms (Suicidal Tendencies, Voivod), la relève (The Agonist, Job for a Cowboy) et des artistes rock flirtant avec le genre (Marilyn Manson, Dance Laury Dance), Sébastien Houde croit que l’événement se taille une place de choix dans le circuit des festivals du genre. Christine Fortier abonde dans le même sens et voit Heavy MTL comme un festival qui peut plaire autant aux puristes, qui auraient vu certains de ces groupes en salle au cours de l’année, qu’aux mélomanes curieux. Tremblay, quant à lui, y voit la rencontre de deux écoles de pensée: "D’un côté, tu as les chialeux qui trouvent les billets trop chers et que le métal présenté est trop "commercial". De l’autre, tu as les autres qui voient ça comme une célébration de deux jours où l’on se retrouve entre chums pour écouter du métal, boire de la bière et crier comme des déments!"
Heavy MTL
Les 11 et 12 août
Au parc Jean-Drapeau
www.heavymtl.com
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Les suggestions de nos observateurs
Periphery – le 11 août, 14h45
"Le groupe compte parmi les "stars montantes" du genre et je ne l’ai toujours pas vu en show. On me dit que le guitariste est vraiment impressionnant. Je suis donc très curieuse de les voir sur scène car c’est là, lors de la prestation live, que ça passe ou que ça casse pour moi." (Christine Fortier)
Between the Buried and Me – le 11 août, 15h30
"Je ne les manquerai pas car je suis une grande fan. Le groupe donne un bon show et les chansons sont très bien structurées. Ce qui fait qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est un peu comme un voyage musical." (C. F.)
Fleshgod Apocalypse – le 11 août, 17h
"C’est un band death italien plutôt "classique". C’est donc extrêmement brutal! De plus, le groupe joue vêtu de redingotes. C’est méconnu, mais à voir." (S. Houde)
Goatwhore – le 11 août, 18h
"C’est un groupe de La Nouvelle-Orléans qui propose un amalgame crasseux de thrash métal, de death métal et de black métal. Impossible de s’emmerder avec ça!" (Yanick Tremblay)
Blind Witness – le 12 août, 13h30
"Ce sera le spectacle d’adieu de ce groupe québécois. J’imagine que les gars vont se donner au maximum." (S. H.)
Overkill – le 12 août, 14h45
"Ce sont des vieux de la vieille. Leur thrash métal n’est pas très original, mais leur chanteur se donne vraiment en show. On voudrait être avec lui sur scène!" (C. F.)
Gojira – le 12 août, 15h30
"C’est un groupe de France qui est hyper tight live. De plus, leur plus récent album, L’enfant sauvage, est excellent." (S. H.)
Suicidal Tendencies – le 12 août, 17h45
"C’est un classique! Le groupe marie toujours aussi bien le punk hardcore des années 80 aux sonorités métal." (Y. T.)
Slipknot – le 12 août, 21h
"Je dois aussi mentionner cette prestation car c’est le retour du groupe après la mort du bassiste. De plus, Slipknot se donne toujours à 100% sur scène." (Y. T.)