Eldorado : Carte de visite
La troupe gatinoise Eldorado crinque les amplis et s’en tient à l’adage "old time rock’n’roll". À défaut de sonner hip, le band peut se targuer de sonner vrai.
"Pour être ben simple, la raison pour laquelle nous faisons ce genre musical, c’est que nous avons toujours joué de ces instruments-là", affirme d’emblée Vincent Therrien, batteur au sein d’Eldorado, quintette rock gatinois. Dans mon cas, je joue de la batterie depuis que j’ai 11 ans. Les gars jouent de la guitare depuis toujours aussi; c’est pas plus compliqué que ça. Y a personne qui a ressenti le besoin de jouer du clavier parce que c’était la chose à faire, ou que tout le monde faisait comme ça. On cherche pas du tout à émerger d’une mode en particulier. Loin de là."
Bienvenue dans le monde d’Eldorado, là où la simplicité se fait obstinée, estimée, promue. Son premier album, Gin vinyle, se révèle en parfait accord avec ce credo. "C’est simple, Eldorado. Les chansons commencent avec un riff de guit et on jamme autour de ces structures. Et une fois que la musique est terminée, y a Max [Maxim Bérubé, chanteur] qui se charge des paroles."
Et une fois de plus, on prône la sincérité dans les thèmes abordés. "On n’est pas du tout dans le rock engagé, y a pas de politique là-dedans. On est conscients que c’est pas ce qui fera notre marque de commerce… On tente quand même de le faire de notre mieux. Et on le fait en français", ajoute Therrien, en spécifiant trouver le pari pénible à relever, celui de faire du rock qui se tient dans la langue de Molière, surtout compte tenu des artistes qui se retrouvent dans son iPod. "Les Foo Fighters, Led Zep, The Strokes, The Black Keys, tout ce qui est nouveau, ce qui est vieux. On travaille d’ailleurs sur un cover pas mal cool de Big Wreck."
SIMPLE, MAIS PAS TANT
À l’instar de ses idoles, Eldorado jongle avec les éléments clés du rock’n’roll: énergie vigoureuse, guitares vibrantes et attitude à revendre. Mais qui dit rock ne dit pas nécessairement inventivité. Dans le cas de certaines chansons de Gin vinyle, la formule qui peut s’avérer éculée s’est renouvelée spontanément, comme sur Donne-moi l’heure, chanson à la structure rythmique tronquée. "Donne-moi l’heure a probablement été la plus difficile à faire. Tough, mais vraiment le fun à compléter", affirme le musicien.
Cet album, attendu par les locaux qui auront découvert Eldorado il y a deux ans au Festival de l’Outaouais émergent, a été réalisé par Ryan Battistuzzi, connu pour son travail auprès de Malajube (sur Trompe-l’oeil, notamment), de We Are Wolves et des Breastfeeders – la batterie de Gin vinyle a d’ailleurs été enregistrée dans les studios de Malajube. Sur son réalisateur, Therrien ne tarit pas d’éloges: "C’est un gars qui sait où il s’en va. Pour le peu de budget qu’on avait, Ryan s’est assuré de nous faire sonner du mieux qu’il le pouvait, au meilleur de ses connaissances. Faut pas oublier que tout ça s’est fait de façon 100% indépendante et sans compagnie de disques."
Justement, est-ce qu’Eldorado se serait fait courtiser par des compagnies de disques? "Les labels nous ont répondu de faire du chemin de notre côté, et de cogner à leur porte une fois que le cycle du premier album aura été achevé. C’est pour ça qu’on considère Gin vinyle comme notre carte de visite."
Il conclut: "Le guitar rock a peut-être pas la cote en ce moment, mais je sais que la musique est cyclique; le retour du balancier devrait commencer à se faire. Et Eldorado va être le premier en ligne, prêt au combat."
Concert-lancement le 7 septembre dès 18h30
Au Café 4 jeudis