Fanfare Ciocarlia : D’est en ouest
Neuf ans après son précédent passage au Québec, la Fanfare Ciocarlia ramène finalement ses ritournelles roumaines dans la Belle Province.
La petite histoire du rock veut que Malcolm McLaren, artiste, entrepreneur et gérant des Sex Pistols, ait rencontré Glen Matlock, bassiste derrière le fameux Never Mind the Bollocks, dans un sex-shop. Henry Ernst, imprésario de la Fanfare Ciocarlia, doit son premier contact avec la troupe à… un fermier! « Je voyage en Roumanie depuis les années 80. Comme passe-temps, j’enregistrais des danses et musiques traditionnelles. Lors d’un arrêt, en 1996, un fermier qui me vendait un bidon d’essence m’a demandé ce qui m’amenait ici », raconte le mélomane allemand. Révélant son hobby à son interlocuteur, ce dernier lui a alors suggéré de se rendre à Zece Prajini, un petit village non loin de là où habitait un orchestre sensationnel.
« J’y ai rencontré le leader de ce qui allait devenir la Fanfare Ciocarlia. Il a ameuté ses musiciens et ils ont joué devant moi. Ce fut une révélation! Ça n’avait rien de la polka allemande qui m’ennuyait quand j’étais gamin, c’était comme découvrir la musique techno, mais jouée par des humains qui maniaient des instruments déglingués! C’est là que j’ai su que ma visite éclair d’une heure allait se transformer en arrêt de plusieurs mois! »
Aujourd’hui les mariages, demain le monde
Bien qu’accueilli timidement – « Même les musiciens de la fanfare trouvaient l’idée de partir en tournée en Allemagne complètement délirante, la plupart d’entre eux n’ayant même pas visité la capitale de leur propre pays! » s’exclamera Henry au passage -, le « beau risque » proposé s’est avéré particulièrement renversant pour le groupe: la poignée de concerts s’est transformée en tournées internationales et a aussi été synonyme de production de huit disques ainsi que d’un DVD. « Au-delà de la virtuosité du groupe, je crois que ce qui fait le succès de la fanfare – et de la musique dite gipsy en général -, c’est son côté festif. C’est ce qui fait qu’ils transcendent le traditionnel jusqu’à ce qui est considéré comme cool. Lors de leurs concerts, on s’amuse autant sur scène que dans la salle. Ce sont de méchants partys! »
Malgré les succès populaires et d’estime – l’orchestre a aussi été le sujet de Brass on Fire, un documentaire primé aux festivals de cinéma de Madrid et de Skopje -, Henry Ernst est ravi de constater que la Fanfare Ciocarlia garde la tête froide. « Au fil des arrêts dans les grandes capitales du monde, je m’attendais à ce que des membres de la troupe m’annoncent qu’ils voulaient déménager à Berlin ou à Paris, mais non. Bien qu’ils adorent faire de la route, ces musiciens apprécient toujours autant leur village, leur pays et leurs traditions. »
N’oubliez pas votre serviette!
Par contre, les concerts de la Fanfare Ciocarlia, eux, sont tout sauf traditionnels, selon Ernst. « Oubliez les clichés des groupes de mariage. La fanfare est maintenant un véritable mur de son cuivré! Sans blague, je vous suggère fortement d’apporter une gourde d’eau, une serviette et un t-shirt de rechange! » conclut-il.