Salomé Leclerc : Signe vital
Musique

Salomé Leclerc : Signe vital

Salomé Leclerc possède un chapelet de qualités rares. Au-delà de ses talents de musicienne et de parolière: une intelligence inestimable. La capacité de dire la vérité des choses, leurs nuances, et de les livrer en chanson avec la même mesure tout en nous vrillant les tripes.

Elle a la mi-vingtaine, mais un coeur et une âme qui font au moins le double. Son premier album, Sous les arbres, convoque les grands espaces dans ce qu’ils ont d’à la fois triste, beau et inquiétant. Des choeurs réverbérés dans le lointain. Une voix de tête râpeuse qui hulule dans la nuit. Le territoire rural s’entend partout chez Salomé Leclerc.

Les ambiances cousues main par la Française Emily Loizeau – qui signe ici sa première réalisation – viennent appuyer des textes et des mélodies qui sonnent juste, mais qui révèlent une part d’ombre. "Quand j’écris, dit Leclerc, c’est ce côté de moi qui sort. Mais ce qui domine, ce n’est pas de la tristesse non plus. Une mélancolie, de la nostalgie, ça oui. Une certaine intimité, aussi." Une vérité, ajouterait-on. Un souffle de vie.

La jeune musicienne s’avère une fière héritière des Cat Power, PJ Harvey et Feist dont elle a assimilé la finesse de jeu (finger picking, accords plaqués réverbérés, effusions sonores qui font voler en éclats des bulles intimistes), mais aussi la capacité à fignoler des ambiances qui triturent les zones sensibles sans dériver vers le pathos.

Mais par-dessus tout, elle possède un bagage d’apprentissages pratiques et théoriques qui lui confèrent l’intelligence de ne jamais trop en faire, de ne pas aller trop vite ni de brusquer les choses et sur scène, elle montre la même économie que sur disque, le même discernement qui permet d’en donner juste assez. On la sent tendue, retenue par une force en même temps que traversée par un courant fort.

"Je suis bien sur scène", dit-elle en évoquant ses expériences en concours. Mais il y a plus: on y croit. Ce qu’elle fait est sincère, et c’est en cela que réside sa plus grande force.

Le 4 octobre à 20h
À la Maison de la Culture Waterloo