Arturo Sandoval : ¡Trompeta caliente!
Dans la foulée de la sortie de son album en hommage à Dizzy Gillespie, l’incandescent Arturo Sandoval donne le coup d’envoi au sixième Festival de jazz de Québec, où les trompettistes sont à l’honneur.
Musicien professionnel depuis l’adolescence, le sexagénaire Arturo Sandoval n’a pas choisi l’instrument royal du jazz pour imiter son idole Dizzy Gillespie, qu’il ne découvrit que sur le tard. Il garde cependant un souvenir indélébile de la première fois où il entendit le saint patron des trompettistes modernes. "À la fin des années 60, un ami m’a fait jouer un de ses albums avec Charlie Parker; je ne me suis pas encore remis du choc reçu ce jour-là! Je ne connaissais rien au jazz, je n’avais jamais entendu quiconque jouer ainsi. Mon Dieu, je n’en croyais pas mes oreilles!"
En 1977, à la faveur d’une tournée de Gillespie à La Havane, Sandoval rencontra le virtuose bebop, qui ne pouvait se douter que celui qui lui servait de guide était l’un de ses plus flamboyants émules. "Je connaissais alors tous ses riffs par coeur. Quand j’ai joué pour lui, ça l’a renversé parce que, je suppose, il me voyait juste comme un simple chauffeur." En ardent défenseur de la musique cubaine, Diz allait l’année d’après faciliter la venue à New York du mythique groupe Irakere, au sein duquel Sandoval côtoyait Chucho Valdés et Paquito D’Rivera. Une profonde amitié lia les deux trompettistes jusqu’à la mort de Diz en 1993. "C’était plus qu’un ami; en fait, je le considère comme mon deuxième père", confie candidement celui qui signait l’an dernier le disque Dear Diz (Every Day I Think of You). "Diz a toujours été très généreux à mon égard. Quand j’ai choisi de faire défection de Cuba, il m’a accompagné à l’ambassade américaine et beaucoup aidé dans mes démarches."
Quand je lui fais remarquer qu’il s’est assagi au fil des ans, que son jeu de trompette a gagné en tendresse et en sobriété, Sandoval acquiesce volontiers. "Ayant grandi à Cuba, dans un milieu frustrant à plus d’un égard, j’avais tendance à sombrer dans l’esbroufe, à mettre dans un seul enregistrement tout ce que je savais et pouvais faire, comme si ce serait le dernier", avoue le musicien aussi féru de rumba, de tango et de bebop que des oeuvres de Rachmaninov et de Debussy. "Avec l’âge, j’ai appris à être plus sobre parce que je n’ai plus rien à prouver. Je peux jouer simplement pour le plaisir de jouer."
Le 16 octobre
Au Capitole
À l’occasion du Festival de jazz de Québec