Lescop : Alors on danse
Du punk à la pop électro, du groupe Asyl au projet solo, le Français Mathieu Lescop s’émancipe jusqu’au Québec
"Attendez. Je suis un peu déconcentré en ce moment", lancera Mathieu au cours de l’entretien. "Je suis dans un endroit où il y a une radio d’allumée et La forêt joue présentement. Ça me trouble!" explique-t-il, gêné. La forêt, c’est le premier extrait de l’album homonyme de Lescop, un nouveau projet qui fait suite à Asyl, le groupe punk rock qu’il a mené pendant une quinzaine d’années en compagnie de copains du lycée. "C’est là que j’ai été dépucelé, que je me suis initié au métier, et je l’ai appris à la dure, comme on dit!" lance-t-il en revenant sur ces années formatrices où Asyl "jouait partout, dormait n’importe où et mangeait n’importe quoi".
Alors que chaque membre du défunt quatuor participe aujourd’hui à de nouveaux projets, Mathieu, lui, remonte sur scène avec Lescop, un volet plus électro et plus pop, sans toutefois être bonbon. "C’est un projet qui va aussi vers le new wave – une avenue qu’Asyl avait effleurée – parce que j’aime, notamment, Daho et Taxi Girl. Ceux-ci travaillaient beaucoup la voix, mais aussi les textes. Tout comme les Doors. J’adore la plume de Jim Morrison." À l’image du Roi Lézard, qui a étudié en cinéma avant de se lancer dans le rock, Lescop envisage ses pièces comme des saynètes. "Je me suis aussi inspiré de films de Melville, Truffaut et Eisenstein, d’oeuvres très graphiques, quoi, où chaque plan est un tableau. Je voulais que mes chansons ressemblent un peu à ça."
Malgré des influences en apparence bigarrées, Asyl, Daho et Melville se rejoignent dans l’oeuvre de Lescop, dans cette volonté qu’a l’artiste de résister, de chanter dans la langue de Molière alors que la planète pop française, elle, s’anglicise de plus en plus. "J’ai commencé par les textes et c’est ce que j’ai travaillé le plus", confie-t-il. "Le choix d’écrire en français est personnel et plus vindicatif que politisé, par contre. Je m’affirme en tant que francophone, tout comme Elvis, que j’adore, s’imposait dans le monde comme chanteur typiquement américain. Je veux faire de même avec ma langue et ma culture. Tant qu’à m’exporter, je le ferai de façon honnête."
Lescop
Lescop
(Pop Noire Records)
En vente dès le 16 octobre
En concert le 16 octobre
À la SAT
Avec Tomorrow’s World, Citizens et Housse de Racket
Dans le cadre du festival OohLaLA
oohlalafestival.com