Monogrenade : Longue portée
Musique

Monogrenade : Longue portée

Alors que les médias français s’enflamment pour Monogrenade, la formation montréalaise poursuit sa tournée de spectacles au  Québec.

"En grande maîtrise, flamboyant, densifié et alors enluminé par deux violonistes, Monogrenade ne touchait pas une corde sensible mais les frappait toutes à la fois. Une harpe des émotions fortes, une forme de groupe idéal qui n’alignait que de grands morceaux…"

Ces mots ne sont pas ceux du président du fan-club de Monogrenade, mais bien ceux de Thomas Burgel, chroniqueur musique pour l’influent magazine européen Les Inrockuptibles. Frappé par le groupe pop indé montréalais lors d’un concert aux Bars en trans en novembre 2011, le scribe aura sans doute son nom d’inscrit sur les guestlists de Monogrenade jusqu’à la fin de ses jours tant ses papiers ont eu un impact positif pour le quatuor québécois fondé en 2009.

"Il y a pas mal de spectateurs lors de nos concerts parisiens, mais on commence à peine à nous connaître, explique le chanteur et compositeur de Monogrenade, Jean-Michel Pigeon. Nous sommes en plein défrichage là-bas. Par contre, les critiques élogieuses des Inrocks nous ont permis d’accéder aux ondes radiophoniques ainsi qu’à de nombreux plateaux de télévision, ce qui n’est toujours pas le cas au Québec."

Le fossé entre l’exaltation française devant Tantale, le premier gravé du combo, et la réception enthousiaste mais réservée des médias québécois est frappant. Selon Pigeon, "les Français sont surpris de voir un groupe indé chanter en français, comme si notre langue était passée de mode. On se fait toujours poser la question: "Pourquoi avez-vous choisi le français?", alors qu’ici, c’est l’inverse, les journalistes questionnent les artistes sur leur choix linguistique lorsqu’ils optent pour l’anglais…"

Mais il y a plus. Maintes fois comparé à Karkwa de ce côté-ci de la grande flaque, est-ce que Monogrenade n’évoluerait pas dans l’ombre du groupe récipiendaire du prix Polaris en 2010? Bien qu’elle revienne souvent, la question ne semble pas irriter le musicien. "Je trouve la comparaison facile, mais c’est vrai que Karkwa défriche le même terrain de jeu pop indé francophone que nous. Les gens ont beaucoup entendu parler d’eux ces dernières années, ce qui est moins le cas en France, où personne n’a encore établi le parallèle [NDLR: on cite plutôt Radiohead et Dominique A]. Au fond, Karkwa et Monogrenade découlent d’un même courant musical: cette recherche d’un son de batterie plus aéré, cette voix moins à l’avant, ce goût pour les arrangements hypnotiques et plus complexes."

Chose certaine, Tantale n’a rien de "sous-Karkwa". Tout aussi riches en mélodies et en ambiances oniriques, les compositions de Monogrenade s’avèrent moins explosives. Un côté plus dentelle que brut, dont Pigeon est le principal architecte. "Je passe mon temps à faire des maquettes. J’enregistre de courtes idées de chansons de 30 secondes à une minute. Ça peut être des rythmes, des accords de guitare, des mélodies. On les écoute et on choisit les meilleures. Je termine ensuite les pièces de mon côté. Les autres membres ont toujours la liberté d’amener des idées, mais j’arrive avec des versions assez complètes", confie le musicien. "L’été dernier, je me suis installé dans le garage chez ma mère à Oka. C’est insonorisé, et il y a même un piano. On peut y "jammer" tard le soir. Après avoir passé des années à jouer dans ma chambre avec des écouteurs pour ne déranger personne, ça fait du bien."

Le 13 octobre
Au Cercle