Slim Twig : Objet chantant non identifiable
Le gringalet et inclassable Torontois Slim Twig lançait à la fin de l’été l’un des albums rock canadiens les plus célébrés de l’année. Rencontre avec l’iconoclaste.
Si Voir faisait de son plus récent album Sof’ Sike son disque de la semaine quelque part à la fin de l’été – l’une des maintes accolades que la presse canadienne et internationale lui a données -, Max Turnbull, alias Slim Twig, n’a que faire des critiques élogieuses. Il les lit, oui, mais avoue d’emblée: "C’est une habitude sacrément improductive. Mais oui, je les lis. C’est se leurrer, par contre, de croire qu’une personne extérieure à l’oeuvre trouvera les mots et les arguments pour illuminer les détails de la création de quelqu’un d’autre. Les critiques – qu’elles soient positives ou non – se révèlent toutes très vides de sens."
Quoi qu’il en soit, qu’on arrive à décrire le son de Sof’ Sike (le titre proviendrait d’un jeu de mots avec soft psych, pour "doux psychédélique") ou pas, reste qu’il s’avère difficile de mettre le doigt sur ce qui fait de Slim Twig un tel ovni dans le paysage indé canadien. Seraient-ce ses influences kaléidoscopiques? Ou ses concerts endiablés? Le mystère demeure. "Le qualificatif "mystérieux" devient pas mal facile quand on a affaire à quelqu’un qui forge son identité musicale hors des lieux communs de la culture populaire. Je crois que ce mot en est un paresseux qu’on utilise à tort pour exprimer d’autres qualités plus nébuleuses", affirme le musicien qui est aussi acteur, promoteur et propriétaire de sa compagnie de disques.
Soit.
La pop subversive
À propos de cette oeuvre dont on discute depuis maintenant plusieurs minutes, Twig parvient à établir ce qui la rend si atypique: "Je tenais à faire un album pop. Un plat très approchable qui laisserait aussi la place à quelques idées amusantes ou plus étranges qui s’éloignent du format pop conventionnel. J’aime l’idée de subvertir les conventions pop, de mouvoir les chansons sous des axes psychédéliques."
Malgré la description quelque peu absconse que Twig a proposée, ce que Sof’ Sike propose en réalité est un voyage déroutant entre les sensibilités pop classiques qui rappelleraient un Nick Drake, si ce n’était la férocité de la personnalité de Slim Twig et le côté hors-norme des arrangements.
Le 6 novembre prochain, Twig fera paraître A Hound at the Hem, un premier album narratif qu’il a complété avant de mettre la touche finale à Sof’ Sike. "C’est une oeuvre plus dense et même troublante. La musique est de mon fantastique band, et Owen Pallett a composé les arrangements de cordes. Si on trouve que Sof’ Sike a été un défi narratif, je dois dire que, pour moi, le vrai challenge a été dans la création de ça."
En attendant de chalouper sur cette nouvelle offrande, on a toujours le Sof’ Sike pour se sustenter. "J’espère que cet album fera toujours le bonheur des tourne-disques pour les prochaines années."
Il conclut, suggérant que le nom de Slim Twig sera accolé à plusieurs projets dans les prochains mois: "J’aimerais un jour être en mesure de vivre de la combinaison des différentes choses qui m’occupent: promotion, comédie, business et musique. Je n’ai pas encore réussi à trouver la formule, malheureusement. Je crois toutefois qu’il y a toujours moyen de grandir dans l’une ou l’autre des disciplines. Donc, l’apprentissage est sans fin."
Le 13 octobre à 20h
Avec U.S. Girls
Au Babylon