Zachary Richard : Drôle d’oiseau
L’auteur-compositeur-interprète québéco-louisianais Zachary Richard est loin de s’assagir sur son 20e album Le fou.
Zachary Richardpossède plus d’un point en commun avec le fou de Bassan, l’oiseau de mer. Tout comme le morus bassanus, Richard partage son temps, notamment, entre la Louisiane et le Québec. Tout comme ce sulidé, l’artiste a été particulièrement touché par le désastre écologique de la Deepwater Horizon. « Comme tous les habitants du sud de la Louisiane, j’étais accroché aux nouvelles liées à cette catastrophe bouleversante, et le fait que le premier oiseau capturé et nettoyé était un fou de Bassan était doublement, triplement, « centuplement » bouleversant », confie le chanteur et activiste d’une voix posée. « Ça a renforcé ma « bipolarité ». Moi aussi, j’habite le sud de la Louisiane en plus d’avoir jeté l’ancre au Québec il y a fort longtemps. De voir cet oiseau, qui niche dans mon deuxième pays, se faire souiller dans le premier a été très troublant », ajoute-t-il, expliquant du même coup la pièce-titre de son nouvel album.
Entre Molière et Shakespeare
Trois ans après Last Kiss, un album essentiellement en anglais, le grand Cajun remonte sur scène avec une oeuvre principalement chantée dans la langue de Molière. Celui-ci réfute toutefois l’étiquette du « retour au français ». « C’est m’attribuer plus d’intelligence ou de prévision, en fait », corrige-t-il poliment. « Moi, j’écris des chansons et quand j’en ai assez, j’essaie de faire un album. J’écris toujours en anglais et en français. Il se trouve que ce paquet de chansons était en français et c’est tant mieux. Je ne m’impose pas. C’est la chanson qui choisit sa langue, pas moi. »
Une question de quotas
La richesse des influences de Richard – le folk rencontrant le zydeco, le français flirtant avec l’anglais – demeure toutefois son talon d’Achille du côté des radios, les quotas faisant en sorte que ses pièces anglophones et « bilingues » sont souvent mises de côté. Malgré tout, Richard persiste et signe… dans les deux langues. « Je comprends le bien-fondé de ce protectionnisme linguistique et je le soutiens en plus, mais quand ça va à l’encontre de mon expression artistique, je trouve ça… chiant! » lance-t-il avant d’approfondir sa pensée.
« Sur Le fou, y a une chanson qui s’appelle Sweet, Sweet dont le refrain est en anglais, et je me suis fait dire que, par la quantité d’anglais dans la chanson – c’est calculé au compte-goutte! -, ça ne pourrait passer à la radio. On m’a donc demandé de faire une version française – ce que j’ai fait, mais elle ne paraîtra nulle part -, mais je me suis finalement révolté contre l’exercice en disant: « Fuck it!« », glisse-t-il, toujours d’une voix sobre et calme. « S’il faut que je me « putanise » – je ne sais pas si c’est un mot, mais ça sonne bien! – pour passer à la radio, je dis: « Non. Ça suffit! » Si j’ai envie de chanter en français, je le fais. Si j’ai envie de chanter en anglais, je le fais. Si j’ai envie de chanter une chanson dans les deux langues, c’est mon droit artistique! »
Zachary Richard
Le fou
(Avalanche)
Présentement dans les bacs
Le 23 novembre
Au Théâtre Granada
Le 24 novembre
Au P’tit bonheur de Saint-Camille