Buika : La femme flamme
Musique

Buika : La femme flamme

Buika est une bête de scène, une véritable chanteuse d’exception. Première visite à Québec de la nouvelle reine du  flamenco.

Ses parents dissidents ont fui la Guinée équatoriale en proie à la violence politique. C’est donc à Palma de Majorque, au large de la péninsule ibérique, qu’est née Concha Buika, cette femme noire qui chante en espagnol toute la force et la douleur du monde. Une interprète comme il y en a peu, en vérité. Un animal indomptable qui a le flamenco dans la peau. Elle a aussi, dit-on, tatoués sur son épaule et son bras musclés, les noms des femmes qui l’entourent et qui l’ont protégée. Car son enfance ne fut pas facile dans une société insulaire esseulée où la couleur de sa peau faisait d’elle, gamine, une constante attraction, une petite bête curieuse. Ça forge le caractère dans le Barrio Chino, quartier des prostituées.

Son arrivée à Madrid lui ouvrira, heureusement, des perspectives plus prospères. Impliquée au sein d’un collectif de jeunes artistes, elle écrira en 2005, comme un manifeste, New Afro Spanish Generation. Car Buika est plus qu’une étiquette "afro-flamenco-jazz". Pour elle, la chanson, qu’elle soit cubaine, mexicaine, méditerranéenne ou sud-américaine, est avant tout aventure humaine; un témoignage universel.

Le cinéaste Pedro Almodóvar, le génial arrangeur Javier Limón et le doyen Bebo Valdés, éberlués par son talent, lui donnent sa chance d’enregistrer des merveilles. Puis, le fils, Chucho Valdés, la prend sous son aile pour un très bel album piano-voix, El Ultimo Targo ("le dernier verre"). C’est d’ailleurs dans une mise en scène quasi similaire qu’on la verra mercredi soir prochain, sur la scène du Palais Montcalm. Un trio latin (basse, percussion et piano) que mène Ivan "Lemon" Lewis l’encadre et lui laisse toute la place. Rauque et irrésistible, sa voix de chair et de sang remplirait d’émotion une cathédrale. Et de cette première visite de celle que le New York Times appelle "la flamme du Flamenco", on risque de se souvenir longtemps…

Le 24 octobre
Au Palais Montcalm