Jeremy Pelt : Haute tension!
Musique

Jeremy Pelt : Haute tension!

À la veille d’un départ vers l’Europe pour sa tournée d’adieu à ses "hommes d’honneur", le fougueux Jeremy Pelt fait escale au Largo pour deux soirs électrisants. Au contraire de ceux de Jéricho, les remparts de Québec sauront-ils résister à cette  trompette?

L’anecdote, pourtant véridique, le fait rigoler: la première fois que j’ai vu Jeremy Pelt, tout de blanc vêtu, sur la scène du club londonien Ronnie Scott’s, heure tardive et décalage horaire aidant, il m’était apparu tel un archange venu livrer un message céleste au son de sa trompette. Un être d’exception, dont la virtuosité surnaturelle laissait croire qu’il avait été conçu par et pour la note bleue.

Rien toutefois ne destinait "le talentueux M. Pelt" (pour citer le titre d’un de ses disques) à une carrière de jazzman. Exposé dès l’enfance aux goûts musicaux éclectiques de sa mère – qui allaient des oeuvres de grands compositeurs européens aux standards fétiches des divas du jazz -, le jeune Jeremy a longtemps considéré le jazz comme la bande-son des heures de tâches ménagères imposées. "Je n’y avais jamais porté attention avant d’entendre Miles Davis, à mon entrée au secondaire", me confie le trentenaire, qui a commencé sa formation de trompettiste classique… à la maternelle! "Je ne dirais pas que j’ai abandonné le classique pour le jazz; j’ai plutôt entendu un appel qui m’a conduit à faire le saut. J’apprécie encore le classique; c’est juste que mon intérêt de créateur s’est recentré autour du jazz."

Jeremy Pelt reste attaché aux romantiques tels Tchaïkovski, Wagner, Rachmaninov et Rimski-Korsakov, mais il cite Debussy et Satie parmi ses compositeurs fétiches. Et il ne s’étonne pas quand je lui souligne que ces deux-là sont systématiquement évoqués par les jazzmen. "Cela s’explique par leur rapport à la mélodie; de ce point de vue, ce sont eux les plus apparentés au jazz." Au rayon de la mélodie, il faut le noter, Pelt en connaît un chapitre, lui dont les occasionnelles envolées stratosphériques n’interdisent pas le recours à la langueur, à la sensualité.

Depuis son émergence au début du siècle, cet émule des Lee Morgan, Freddie Hubbard et Woody Shaw s’est illustré dans des situations diverses: au sein de plus d’un big band, comme sideman de prestigieux aînés ou à la tête de ses propres combos acoustiques ou électrifiés. Cette variété des expériences lui a, dit-il, "ouvert l’esprit" à de multiples possibilités d’expression. "À ce point de ma carrière, j’ai appris à me couler dans ces moules. Je me rappelle un documentaire sur Miles Davis dans lequel le tromboniste J.J. Johnson affirmait qu’à travers tous les changements de cap effectués par Miles de Birth of the Cool à Bitches Brew et au-delà, il n’avait au fond rien changé à son propre jeu, il était resté Miles. Voilà ce que je me souhaite: ne pas changer mon style selon les contextes, mais adapter ces contextes à mon style."

C’est un Jeremy Pelt en pleine transition que les mélomanes de Québec entendront lors de son passage au Festival de jazz, puisque sa présente tournée avec le noyau dur d’"hommes d’honneur" (pour citer un autre titre de disque) de son quintet acoustique est dans les faits leur tournée d’adieu. Compte tenu de la qualité du jeu d’ensemble sur les albums parus chez MaxJazz et HighNote (November, Men of Honor, The Talented Mr. Pelt et, récemment, Soul), on doit déplorer la dissolution de ce combo. "Ça m’attriste, c’est sûr; mais quatre albums et six ans pour un groupe de jazz, c’est une éternité!" de rigoler le leader, qui a déjà entrepris des enregistrements avec son nouveau groupe. "Et puis, je me réjouis de voir mes associés se démarquer à la tête de leurs propres bands." Certes, autant son saxophoniste J.D. Allen que son pianiste Danny Grissett ou le maître percussionniste Gerald Cleaver s’imposent déjà avec leurs propres projets. "En somme, la vie, comme le jazz, est affaire de changement perpétuel", d’opiner Pelt, philosophe.

Les 21 et 22 octobre
Au Largo resto-club
À l’occasion du Festival de jazz de Québec

www.jazzaquebec.ca

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Québec en jazz

Dans la foulée de la sortie de son album Black Radio, le pianiste Robert Glasper poursuit son entreprise de métissage du jazz avec les avatars actuels de la musique populaire afro-américaine. Au Palais Montcalm ce jeudi 18 octobre. (En première partie, notre Vincent Gagnon national.)

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Au sein d’un combo de piliers du jazz d’ici (André Leroux et Jean-Pierre Zanella aux saxos, Pierre Leduc au piano, Michel Donato à la contrebasse et Richard Provençal à la batterie), le trompettiste étoile Ron Di Lauro revisite Kind of Blue au Largo ce jeudi 18 octobre.

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Pour la deuxième fois cette année, l’admirable pianiste Marianne Trudel accueille dans son groupe l’époustouflante trompettiste Ingrid Jensen. Au Largo, ce samedi 20 octobre.