Papagroove : Les renégats du funk
Quatre ans après We’re Not Blind, le collectif funk montréalais Papagroove revient à la charge avec une deuxième oeuvre originale, Civilized Ghetto, en plus d’un nouveau son qui pourrait en surprendre plusieurs.
Derrière les airs babas cool de ce collectif funk imposant, la nervosité est palpable, selon le chanteur et parolier Sébastien Francisque. "On a travaillé pas mal fort sur ce second disque; en explorant, notamment, de nouvelles sonorités. On a donc très hâte de présenter un nouvel aspect de notre groupe. De plus, on est aussi très excités, car ça fait un petit bout de temps qu’on a lancé le premier."
Le petit bout de temps en question – quatre années – est une éternité dans une nouvelle industrie où certains artistes enchaînent simples, maxis, albums et clips afin de demeurer sous les projecteurs. "C’est clair que le fait que nous soyons 12 demande des compromis. De plus, certains sont devenus pères au fil des années", confie Francisque pour expliquer l’attente, avant d’ajouter qu’"au final, on voulait un résultat concret qui satisferait tout le monde dans le groupe et je crois qu’avec le temps – et le recul -, on y est arrivé".
Funk la pop!
Alors que, selon le chanteur, We’re Not Blind était un reflet de la formule live du collectif, Civilized Ghetto est une oeuvre où cette dirty dozen funk mise sur sa virtuosité plutôt que sur son énergie brute. "L’album a tout de même été travaillé à partir de jam-sessions; tout comme We’re Not Blind", glisse Francisque. "Au cours de celles-ci, on a monté plusieurs pièces qui ont suivi deux tendances: une, plus concise, et plus pop bien malgré nous, qu’on a explorée et qu’on retrouve maintenant sur Civilized Ghetto. L’autre, plus roots, pourrait influencer un troisième album à venir."
Côté textes, par contre, Francisque livre une nouvelle fournée de chansons engagées. "Sur le premier disque, je me penchais sur des aspects politiques, alors que sur celui-ci, je touche davantage à des aspects sociaux comme le culte de la jeunesse ou encore le faux puritanisme, par exemple. D’où le titre Civilized Ghetto, en fait!" s’exclame-t-il en conclusion. "Un certain groupe social dans une certaine région va penser d’une certaine façon unique afin de se valider, alors que la situation est contraire de l’autre côté de la planète. C’est ça, un civilized ghetto!"
Papagroove
Civilized Ghetto
(Indépendant)
En magasin dès le 23 octobre
Lancement le 24 octobre
Au Théâtre Plaza
Papagroove présentait hier soir son spectacle largement arrimé à son nouvel opus »Civilized Guetto ». Grande surprise: aucune référence à cet événement dans la grande presse du Québec. Faire vivre un groupe musical d’une douzaine de personnes, dénicher un lieu de travail, réunir toute la bande selon un horaire, bosser sur les compos, effectuer le gros boulot de studio, ourdir la préparation d’un spectacle, mettre du monde sur le booking…Tout cela relève du défi dans notre coin de pays. Mais si seulement c’était encouragé, supporté, diffusé! Ce spectacle était excellent, professionnel, les musiciens sont de très bon calibre, la cohésion est au rendez-vous et les sources musicales représentent un mariage original jamais forcé, le chanteur est dynamique et charismatique. Bref, ils ont tout pour devenir un band encore meilleur, à force de jouer ensemble,mais auront-ils assez de spectacles, de diffusion, de ventes de dc pour durer? Là me semble la triste mais bien réelle question. Même à Montréal, »ville culturelle » selon plusieurs, il n’est pas facile pour les Afrodizz, Kalmunity, et autres Papagroove de durer en marge des grosses machines à festival et à large distribution. Et en jazz, notamment, la même histoire se répète. Maintenir un band de plus de cinq membres représente presque une quadrature du cercle. Quoi qu’il en soit, longue vie à Papagroove!