Zoobombs : Nouveau Japon
Les Japonais de Zoobombs délaissent pour un moment les guitares râpeuses et poursuivent leur exploration rock en empruntant les versants sudiste et psychédélique du genre.
Nourris aux généreuses mamelles du rock’n’roll des sixties, du funk obsédé, du free-jazz, et touchés par les mêmes fées qui un jour survolèrent le berceau de Jon Spencer, les Tokyoïtes de Zoobombs se sont fait connaître par leur mélange de guitares abrasives et de claviers analogues poussés par une batterie hystérique, manière rock garage.
Formé en 1994, le groupe attirera l’attention des Flaming Lips, avec lesquels il part en tournée. Suivent des années qui, sans être fastes, permettent au groupe de connaître un succès d’estime et de constituer un bassin de fans suffisant pour faire le tour du monde à quelques reprises. Dix-huit ans et 10 albums plus tard (sans compter les nombreux EP et singles), Zoobombs semble prendre une tangente qui flirte avec le rock classique. "J’espère que ça ne sonne pas trop comme du Lynyrd Skynyrd", s’inquiète un peu le chanteur et guitariste Don Matsuo, qui craint avoir donné dans le pastiche lorsqu’on lui demande s’il s’est récemment gavé de rock sudiste, comme le laissent deviner quelques chansons du dernier disque, The Sweet Passion, plus ouvert et mélodieux que les essais précédents. "Bah, nous ne voulons pas nous répéter, un groupe est un organisme vivant, et puis de plus en plus, je refuse que ce soit uniquement le cerveau qui décide de tout. L’orientation de ce disque est en quelque sorte dictée par la chair, par nos tripes. Et tant mieux si vous y trouvez ce son classic rock. Ça me plaît."
Les Japonais ne faisant jamais les choses comme les autres, Zoobombs ne risque pas de récolter de nouveaux fans du côté des admirateurs de Sylvain Cossette. Ni chez ceux dont la chanson culte est Free Bird, d’ailleurs. Leur rock semble toujours parfaitement décalé, parfois à la limite de la caricature, qu’ils ne franchissent cependant jamais. Sur le précédent disque, BBB, ils touchaient à un rap décharné, s’alimentant aux racines du genre avec assez de succès. Et ici, ils hallucinent une histoire du rock, quelque part entre l’appropriation du genre et l’hommage déjanté. "Les Japonais se cherchent culturellement, croit Matsuo. Nous avons beaucoup regardé du côté de l’Occident, au point de perdre une partie de notre personnalité que nous tentons de retrouver, pour fonder une nouvelle culture nipponne. C’est ce que traduit notre musique, je crois. Le nouveau Japon."
Le 23 octobre
Au Cercle