Alexis HK : La fin d’un monde
Sur son nouvel album Le dernier présent, le dandy français Alexis HK oscille entre la maturité et… l’apocalypse.
"Que pourrais-je bien te raconter pour rassurer tes yeux ombrageux? Il paraît que le monde va s’arrêter sous peu", chantonne tout doucement Alexis HK sur la pièce-titre de son septième disque, un compact inspiré en filigrane par la fameuse légende urbaine funeste, mais surtout par un besoin de faire table rase. "Je me suis dit: si je veux continuer à chanter, il serait temps de me sortir du second degré perpétuel pour aborder des sujets qui me touchent vraiment", explique le chanteur au téléphone, accoudé sur une camionnette de tournée l’amenant vers Cannes. Une réflexion qui l’amène à comparer son dernier opus aux Affranchis, disque paru en 2009. "C’est un album plus serein, car le précédent a quand même été accueilli favorablement. Il est aussi un peu homogène et mature, car on ne rajeunit pas, voyez-vous", ajoute-t-il avant d’y aller d’un rire moqueur.
C’est donc la fin d’un monde pour le pince-sans-rire, mais aussi le début d’un exercice de style apocalyptique aussi inventif que franc, qui l’invite à mordre dans l’instant présent… ou pas, justement. "Il n’est pas nécessairement question de vivre à 200 miles à l’heure, mais bien de ralentir. C’est dans cet état d’esprit que je me suis mis. Ça nous ferait du bien de ralentir et de respirer, en fait. De "recomprendre" la beauté des choses. C’est de ça que je voulais parler."
Entre Dassin et Brassens?
Bien qu’il soit incontestablement contemporain, plusieurs critiques français voient en Alexis HK un petit-fils éloigné de Brassens (pour sa plume affilée) ou un descendant de Joe Dassin (pour son timbre de voix distinct). Deux référents – flatteur d’un côté, daté de l’autre – qui ne collent pas au complet du principal intéressé. "Ça ne me laisse pas totalement indifférent, mais je n’en fais pas une obsession, rationalise HK. Les gens finiront bien par se faire une idée par eux-mêmes. Du même coup, ça aide certaines personnes à s’y retrouver. En attendant, je ressemble à d’autres gens. Tout le monde ressemble à quelqu’un d’autre, en fait! On dit de moi que je suis influencé par Georges Brassens et que j’ai la voix de Joe Dassin. Voilà. On pourrait faire pire!" note-t-il, amusé.
Un lien à entretenir…
De passage au Québec plus tôt cet été, le chanteur indépendant – il mène sa carrière au sein de La Familia, un label fondé par son gérant – surprend en nous rendant visite aussi tôt. Alexis HK le concède, le Québec est un (beau) risque: "Je me suis toujours senti bien accueilli chez vous et la plupart des concerts se sont bien passés. Mais voilà, le Québec, il faut y revenir si on veut s’y faire connaître. On ne peut pas s’y pointer qu’une fois, chanter ses chansons, repartir puis penser qu’on y sera reconnu au prochain passage", explique-t-il, mentionnant du même souffle que sa petite séduction québécoise tient presque du retour en arrière. "J’ai aussi l’impression de revenir… pas à un point de départ, mais il faut vraiment faire comme si tout était à redécouvrir. Parce que c’est ce qui se passe, en fait."
Se mettre en danger
Puis, une pause. HK réfléchit et en rajoute: "L’idée est donc de se rapprocher petit à petit, de faire connaissance et de se rapprocher de ce public en chansons. C’est une démarche plutôt simple ici." Simple? Le dandy s’explique: "Comme je ne peux pas voyager avec des musiciens dans l’immédiat, je présente un concert assez dépouillé: c’est moi et une guitare. Nous sommes donc dans une démarche de rencontre assez directe avec le public. C’est une formule qui me met en confiance… même si elle n’est pas dénuée de dangers!" conclut-il.
Alexis HK
Le dernier présent
(La Familia)
Présentement dans les bacs
Le 16 novembre à 20h30
Au P’tit Bonheur de Saint-Camille