The Songs of Nick Drake / Luke Jackson : Le grand Nicholas
Pour l’auteur-compositeur et créateur du spectacle The Songs of Nick Drake, Luke Jackson, la musique du troubadour folk vit en lui et partout autour de lui, de plusieurs façons.
Guillaume Moffet
Photo : Keith Morris
C’est par un soir de novembre 1974 que l’auteur-compositeur Nick Drake s’est enlevé la vie en ingurgitant un tube complet d’amitriptyline, un puissant antidépresseur. Il avait 26 ans.
À son actif, le chanteur folk n’avait que trois albums, tous écoulés à quelques centaines d’exemplaires.
Il aurait pu sombrer facilement dans l’oubli. Contre toute attente, son oeuvre s’est mise à voyager, des vinyles aux cassettes, de réédition en réédition, permettant à son auteur et à ses chansons de connaître plusieurs vies. « C’est un peu comme tout le monde que j’ai découvert la musique de Nick. À l’école, un ami m’a donné une cassette et m’a fortement conseillé de l’écouter, se remémore l’auteur-compositeur de London Luke Jackson au bout du fil. Sa musique m’a frappé par sa mélancolie, sa beauté et son côté intemporel. »
C’est en 2004, à Toronto, que le chanteur a finalement pu réaliser un de ses rêves: interpréter les chansons de Nick en concert spécial. Tenu au Rivoli, l’une des institutions de la rue Queen West de Toronto, l’événement voyait Jackson et quelques-uns de ses amis interpréter dans leur intégralité les trois albums du défunt troubadour.
Après s’être lié d’amitié avec Robert Kirby – l’arrangeur de cordes sur les disques de Drake -, le chanteur l’a invité à Toronto dans le but de refaire un concert analogue, cette fois avec un quatuor à cordes mené par Kirby lui-même. C’était en 2009.
Le concert n’aura jamais lieu. Jackson explique, visiblement encore attristé par la tournure des événements: « Kirby est décédé des complications d’une crise cardiaque quelques jours avant le concert. J’étais atterré. Le projet de concert devait être mis sur la glace. »
Avance rapide à aujourd’hui, alors qu’une tournée complète mettant en vedette les chansons de Nick Drake, avec les accompagnements de cordes originaux de Robert Kirby, est mise sur pied. Une entreprise colossale qui excite son idéateur: « Je ne pouvais pas faire la même chose deux fois. Le concert avec les arrangements de Kirby a déjà eu lieu une fois [en 2010, à l’église Trinity-St.Paul’s de Toronto]. Cette fois-ci, je ne voyais que la tournée. »
Créés autour d’un noyau récurrent de musiciens chevronnés dont Jackson fait partie, les spectacles de la tournée comptent aussi sur l’apport d’invités spéciaux, dont Louis-Jean Cormier (spectacle de Québec), Caracol, Jim Bryson et Marie-Jo Thério (représentation d’Ottawa). « Je me suis dit que si je faisais des concerts au Québec, il me fallait des artistes francophones qui allaient rejoindre le public québécois. C’était tout naturel », soutient Jackson.
Questionné à savoir quelle chanson de Nick Drake il préfère, Jackson répond: « Je peux te nommer une chanson de chaque album. C’est trop difficile de n’en choisir qu’une. »
Il conclut, la voix chargée d’émotion: « De Five Leaves Left, je choisirais River Man, à cause des arrangements de cordes. Northern Sky, sur Bryter Layter, qui est l’une des plus belles chansons de tous les temps. Sur Pink Moon: From the Morning. Cette chanson me tue, elle est si belle. »
Le 9 novembre à 20h
Avec Jim Bryson, Marie-Jo Thério et Marc Robert Nelson
À la Première Église baptiste d’Ottawa