Mark Berube : Territoires
Fort d’un succès d’estime et d’une percée en sol québécois, Mark Berube revient sur son plus récent album, ses rencontres et ses voyages.
Mark Berube sort tout juste du cours d’anglais qu’il donne chaque fois qu’il parvient à tenir en place plus de quelques semaines. "C’est dans une école privée, avec beaucoup de jeunes qui viennent d’autres pays. Là, j’enseigne, parce que je suis à la maison pour deux mois. Après, je repars."
On devine son affection pour ces élèves étrangers, puisque le voyage, l’exil, Berube connaît. Natif du Manitoba, né d’un père québécois et d’une mère anglo-canadienne, il a passé une partie de sa jeunesse au Swaziland, en Afrique, avant d’atterrir à Vancouver, pour enfin s’installer à Montréal en 2007. Avec ses musiciens, il a maintes fois traversé le Canada, et l’Atlantique, avant de percer le marché québécois récemment. "Le ROSEQ et la Bourse Rideau ont vraiment aidé à nous faire connaître et à tourner partout. J’adore ça, et c’est vraiment ce que je souhaitais. Mon père est québécois, je découvre ce territoire, c’est magnifique", dit-il dans un français soigné.
En 2011 paraît June in Siberia, un album achevé, au confluent du rock plus brut et des arrangements plus savants des précédents essais; une musique qui caracole dans les vastes prés de la folk indie. Guidées par un piano vif et furtif qui efface toute envie de guitares, les pièces de ce Canadien errant sont d’une rare finesse, chaque nouvelle texture ajoutée avec un souci d’orfèvre. Et les textes, en forme de courts récits, révèlent un authentique talent de conteur.
"Évidemment, après un moment, certaines chansons nous plaisent moins, et on voudrait même parfois s’en défaire, dit-il. Mais c’est comme ça, c’est un tout. Si tu joues à Broadway dans une comédie musicale, il se peut que ton personnage vienne à te tomber sur les nerfs, mais tu dois le jouer avec la même conviction tous les soirs. C’est pareil pour certaines chansons, elles font partie du répertoire, de ce que je suis."
Loin des feux étincelants de la pop et même des effusions de ceux qui parviennent à réconcilier la marge avec les goûts du moment, la musique de Mark Berube est une série de notes en bas de page. Du genre de celles que les amoureux du détail et de la nuance remarquent.
L’auteur-compositeur travaille évidemment à la suite des choses, "mais pas dans l’urgence", dit-il. "Je me sens moins pressé, j’ai peut-être la moitié du prochain album d’écrite, et je veux essayer des choses. Dans les textes par exemple, j’essaie de faire cohabiter le réalisme avec l’abstrait. Ou alors de me servir d’un point de départ pour aller complètement ailleurs."
On ne demande qu’une chose. Une petite place pour faire le voyage avec lui.
Le 29 novembre
Au Théâtre Petit Champlain