Quoi qu'en diront les médias : Anachronismes, truismes et sanglier
Musique

Quoi qu’en diront les médias : Anachronismes, truismes et sanglier

Ils utilisent un archaïsme comme «microsillon» dans leur matériel de presse, et pourtant, ils accolent le mot «futuriste» à leur folk. Ils sont Quoi qu’en diront les médias, et avec leur premier album sur le point d’être lancé, ils incarnent le renouveau de la musique folk gatinoise en 2012. 

On voudrait inventer un nouveau terme pour catégoriser le son du trio gatinois Quoi qu’en diront les médias afin d’éviter que vous n’en perdiez votre latin. Sans trop y penser, on choisirait «post-country». Les principaux intéressés, eux, utilisent couramment «country futuriste».

En entrevue, le bidouilleur Simon Labelle tente d’expliquer pourquoi on aurait tendance à accoler de telles étiquettes sur la musique de son nouveau projet. «C’est parce que Quoi qu’en diront les médias, c’est vraiment la rencontre entre le neuf et le vieux, tout simplement.»

Néo-country, avant-garde folk?
Quoi qu’en diront les médias (QQDLM) – clarifications quant au biscornu sobriquet un peu plus loin – est né de la volonté de Benoit Joanisse (leader de la troupe folk-country gatinoise Les Moindres) et Daniel Ryan (qui œuvre aussi dans Les Moindres) de faire de leurs compos autre chose que du folk-country. C’est là où Simon Labelle est entré en jeu. «Les gars savaient qu’en utilisant les ordinateurs, les séquences, on sortirait le folk de ses chemins pavés d’avance. Donc, c’est ce qu’on fait.»

Malgré son discours, l’écoute d‘Au chalet du sanglier – «une lasagne de lap steel, un gratin de guitare, un pouding de potentiomètre», selon leur descriptif Facebook –, le premier album de QQDLM, révèle une chose: le côté électronique – moderne, neuf – a été juxtaposé aux compositions à la guitare acoustique de façon très subtile; QQDLM convie donc l’auditeur à une pure exploration folk tout en nuances. «Avec les séquences, les ordinateurs, on arrive à bâtir des environnements sonores différents, des trucs qu’on n’entendrait pas habituellement dans le folk. Ça nous branche tous vraiment beaucoup, ce projet.»

Ils ne sont pas les seuls à être emballés par leur musique: les organisateurs du Festival de l’Outaouais émergent leur ont offert une vitrine en septembre dernier, le festival de musique indé Diapason leur a permis d’assurer la première partie des demi-dieux folk Avec pas d’casque, Bande à part fait tourner la pièce Gatineau à profusion – elle se situe d’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, en 6e place de son décompte. Pas mal pour un band qui émergeait de nulle part il y a à peine quelques semaines. «Si ça pouvait continuer dans cette veine, ce serait vraiment plaisant. C’est fou de voir qu’il y a des gens qui apprécient notre musique et que ça voyage quand même assez rapidement.»

Enregistrées lors de deux retraites dans le «Chalet du Sanglier» à Notre-Dame-du-Laus – «Taram pour les intimes», se permet d’ajouter Labelle – au printemps et à l’automne 2011, les chansons de ce premier album font leur âge, d’après Labelle. «Ces chansons-là ont plusieurs mois, voire quelques années. On serait presque prêts à passer à autre chose», affirme-t-il en riant.

«Le chalet a été choisi en regardant des photos sur le Web. C’était le seul chalet qui semblait pouvoir nous donner une bonne sonorité. Quelque chose de pas boxy. Ç’a été un beau coup de tête.»

Et le nom? Il veut dire quoi, le nom? Que les trois musiciens se disent au-dessus de la mêlée? «Pas du tout, soutient Labelle dans un éclat de rire. C’est juste qu’on aimait la sonorité de cette phrase qui ne veut pas dire grand-chose. Et surtout le fait qu’elle ne se tient pas. Le subjonctif futur n’existe pas… Et ça fait parler.»