Vincent Morisset / Montréal créative : 3, 2, 1… interaction!
Cinéaste bien connu du monde de la musique, Vincent Morisset participe à Montréal créative, un nouvel événement multidisciplinaire.
Il a réalisé la captation du concert Inni du groupe islandais Sigur Rós, en plus de mettre sa griffe sur le vidéoclip pour la pièce Porté disparu de Malajube et de multiplier les aventures avec Arcade Fire. Malgré le côté disparate de ces associations prestigieuses, Vincent Morisset y voit bel et bien un lieu commun: «Chacun de ces projets est un peu arrivé par hasard, au fil de rencontres – qui n’avaient rien de professionnel – qui ont débouché sur des projets», fait-il valoir, humble.
Ce qui l’amène à Montréal créative, par contre, est plus interactif que musical: l’œuvre Bla bla, une collaboration avec l’ONF où on lui a donné carte blanche. «Je trouvais que c’était un contexte intéressant pour explorer les différentes possibilités de ce médium-là, pour voir ce qui est différent dans le fait de raconter une histoire sur un ordinateur où le spectateur est aussi participant», confie-t-il en revenant sur son court-métrage qui, à l’aide de technologies de pointe, de techniques d’animation traditionnelles et d’une trame sonore signée Philippe Lambert, invite le spectateur à découvrir différentes facettes de la communication au gré des interactions. Une démarche par tâtonnements qui fait écho à la production du film, d’ailleurs. «On a travaillé de façon organique: par essais, erreurs, trouvailles et patentages, résume-t-il. On travaille avec un médium qui est quand même jeune, alors on y va un pas à la fois.»
Retour vers la banlieue
L’interactivité de cette nouvelle œuvre de Morisset renvoie aussi à Sprawl II (Mountains Beyond Mountains), un clip pour Arcade Fire dévoilé en décembre dernier où le mélomane «animait» l’image… en dansant devant son ordinateur. «Ce projet, c’était une idée que j’avais en tête depuis un bon moment», mentionne le cinéaste en revenant sur la genèse du vidéo le plus marquant à ce jour pour l’album The Suburbs. «Ça faisait trois ans environ que je voulais expérimenter avec un projet interactif où la souris et le clavier de l’ordinateur n’auraient pas à être utilisés; et comme le rapport le plus primitif qu’on puisse avoir avec la musique est la danse, on voulait inviter les gens à interagir avec la chanson en bougeant devant leur webcam et en venir à créer une nouvelle danse au sein de la chorégraphie du vidéo en variant la vitesse des mouvements», résume-t-il.
Malgré l’aura de mystère entourant la fameuse troupe musicale, l’idée de Morisset – qui a aussi réalisé le documentaire Miroir Noir, le clip interactif Neon Bible, en plus de l’emballage visuel numérique de The Suburbs pour le groupe – a été accueillie sans heurt. «J’ai donc parlé de mon idée au groupe qui, lui, l’a greffée à une chanson plutôt dansante de l’album, tout simplement. Ça s’est fait assez naturellement, en fait!»
Montréal, c’est toi ma ville
Bien que des projets comme Inni pointent vers une carrière internationale, Morisset insiste sur sa «montréalité». «Jamais je n’irai vivre ou travailler ailleurs!» lance-t-il avec aplomb. «Bien sûr, je collabore avec des gens de l’extérieur, mais, de nos jours, on a de plus en plus la possibilité de travailler à distance», glisse-t-il avant de comparer sa ville à une ruche… «de talents, spécifie-t-il, et les plateformes numériques nous permettent de créer des ponts. On voit donc de plus en plus de gens d’ici travailler avec des gens de l’extérieur, et leurs œuvres brillent ailleurs du même coup, je trouve ça extraordinaire!»