Limbo : Danser à deux
Musique

Limbo : Danser à deux

Limbo esquisse discrètement quelques pas de danse triomphants. The Greatest que s’intitule son premier album. Grosse surprise locale.

C’est un secret de Polichinelle parmi les observateurs de la scène locale: Mathieu Baillargeon et Dominique Massicotte comptent parmi ses figures les plus inspirées. Figures inspirées, mais qui tardent malheureusement à s’imposer aux oreilles du public, malgré l’indéniable qualité des formations au sein desquelles ils se sont fait valoir. Nous gardons pourtant un souvenir ému (et vaguement confus) d’un certain groupe baptisé Honni, réplique sherbrookoise au mouvement de réappropriation des sonorités 80 qui sévissait alors sur la planète, vu en 2008 en première partie des français Prototypes. Épaulée par les bonnes personnes et par les bons astres dûment alignés, il est aussi possible de croire que Daïko, formation de rock indé franco que menait Baillargeon, aurait pu se tailler une place au soleil sur l’échiquier musical québécois.

Voilà donc que rappliquent les deux potes avec The Greastest, premier album lancé en toute discrétion sur Internet du projet studio Limbo. «On voulait absolument avoir un duo de compositions. Notre défi, c’était de faire des chansons avec des structures plus simples et plus accrocheuses, de ne pas se mettre de limites», explique Baillargeon.

Le résultat: une pop de création innervée par une kyrielle d’influences électro (la radioheadesque Into the Deep), tex-mex (les cuivres de Fishing Rod, gracieuseté de Grüv’n Brass) et barber shop (étonnantes voix masculines sur la pièce-titre). «Mathieu a un band de covers des années 50, The Singles. Il tripe fort sur cette période», fait remarquer à ce sujet Dominique (aussi responsable des six cordes dans Noem). «On trouvait ça le fun et étrange d’inclure des harmonies vocales dans un contexte pop.»

Qu’attendent donc les deux musiciens pour porter à la scène The Greatest, une des plus belles surprises de 2012? «C’est un peu con, oui, de lancer un album sans faire de shows», concède Baillargeon avant de soupirer. «C’est qu’au début, on avait toute une stratégie marketing; on voulait faire croire que Limbo était un vieux band underground et qu’on ressortait son disque paru dans les années 80. On était peut-être un peu sur une bulle. On a laissé tomber.» Heureusement que Baillargeon et Massicotte n’ont pas jeté le bébé avec l’eau du bain. On devrait les voir dans une salle de spectacle près de chez nous en 2013, assurent-ils.  

Limbo
The Greatest 
(Indépendant)
Téléchargeable gratuitement au limbomusicband.bandcamp.com