Plaster : Examen musical
Un peu plus de 10 ans après sa première répétition, et six mois après le lancement de son deuxième album, Plaster se porte rudement bien.
Le pronostic n’était pas très bon: toujours pas de suite au premier album – le brillant First Aid Kit – accouché en 2005, et un hiatus où les membres de ce collectif flirtant avec le rock, le jazz et l’électro multipliaient les aventures (comme Beast, le fameux duo réunissant le batteur Jean-Phi Goncalves à la chanteuse Betty Bonifassi). Bref, plusieurs mélomanes ne s’attendaient plus à une nouvelle parution de Plaster. Pourtant, en mai dernier, le trio revenait en force avec Let It All Out, disque coup-de-poing où les musiques sont étonnantes et les collaborations foisonnantes. Mieux encore, le groupe s’apprête à le défendre plus activement sur les planches.
«Les troupes ne se sont jamais aussi bien portées!» lance le claviériste Alex McMahon avec aplomb lorsqu’invité à dresser un bilan de santé de Plaster, le projet ayant passé la barre des 10 ans. «Je ne pense pas que ça prendra autant de temps pour faire un autre album», ajoute-t-il, pointant l’expérience Let It All Out. «La fluidité derrière [ce CD] nous l’a confirmé.» Ainsi, on peut autant s’attendre à un troisième album plus tôt que tard qu’à d’autres parutions liées de près ou de loin au camp Plaster. «Faire des albums de musique qui nous ressemble nous manquait et s’y remettre m’a aussi convaincu de me lancer dans davantage de projets personnels», glisse McMahon.
Sous les feux
À la suite d’un rodage ponctué de répétitions, de concerts en région ainsi que d’une résidence de quelques jours au cégep Marie-Victorin, Plaster mettait son spectacle pour Let It All Out à l’épreuve le 29 novembre dernier au Club Soda de Montréal. «Je crois qu’on n’a jamais travaillé aussi fort sur notre musique pour l’amener live!» révèle le claviériste, satisfait des résultats. «Le show au Club Soda était un peu, pour nous, un show pour tout vérifier, et ça a été super bien. On était vraiment contents de la réaction du public, pis nous-mêmes de jouer cette musique-là.»
Route oblige, certaines prestations de Plaster feront fi des éclairages ambitieux et des chanteurs invités pour se concentrer sur l’essentiel: le trio qui forme le projet et la musique qu’il produit. «Quelques collaborateurs, comme D-Shade, s’ajouteront, selon les disponibilités et les cachets, mais la musique demeure à l’avant-plan, car on voulait s’assurer que si on est juste Plaster – les trois gars –, on ne sente pas qu’il y ait un manque», fait-il valoir en évoquant, notamment, l’avalanche de voix se succédant sur Let It All Out. «Avant qu’on ajoute autant d’invités aux voix, on n’était qu’un trio de musiciens en feu. C’est ça qui doit demeurer notre principal intérêt: trois gars qui jouent de la musique et qui tripent ensemble sur scène plutôt que, je ne sais pas, les Black Eyed Peas par exemple!»
Demain, le monde
En plus d’une poignée de concerts au Québec ainsi que d’une participation à une vitrine à New York, Plaster profite d’une visibilité accrue ces jours-ci grâce à une pub télé pour la vodka Smirnoff, où on peut entendre le brûlot Be My Woman, ainsi qu’à un clip pour son tube Boogéré, qui se distingue, notamment, sur le portail Vimeo. «C’est un clip qui n’a pas coûté cher, mais il y a beaucoup de volonté derrière, et c’est ce qu’on voulait», fait valoir McMahon en abordant la production de cette vidéo où Luca «LazyLegz» Patuelli, un b-boy handicapé, livre une prestation étonnante.
Avec tant de pièces sur l’échiquier, Plaster se fait ambitieux et lorgne autant les principaux festivals d’été de la province que l’autre côté de l’étang. Alex commente: «On s’en va faire un show à Brighton – au festival The Great Escape – qui est un super bon showcase qui pourrait nous amener de bonnes gigs en Europe cet été. Ça va super bien! On a le vent dans le poil!»