Jim Bryson : Petit papa Noël
À la veille de présenter sa 12e série de concerts de Noël à l’Auberge du mouton noir de Wakefield, l’auteur-compositeur et interprète Jim Bryson porte un regard empreint de sérénité sur les 12 mois qui viennent de s’écouler.
Février 2012, centre Bronson. L’auteure-compositrice Kathleen Edwards, qui venait de lancer son superbe quatrième album Voyageur, entamait un doublé de concerts à guichets fermés dans son Ottawa natal. Quelques minutes après avoir foulé la scène, la chanteuse invitait pour la première fois son bon ami Jim Bryson, en ajoutant qu’il venait tout juste d’être papa pour la seconde fois, exhortant le public à l’encourager par des applaudissements. Ce qu’évidemment la foule, y compris l’auteur de ces lignes, n’a pas tardé à faire.
«Ces deux spectacles ont été l’exception», affirme Bryson, joint par téléphone quelques minutes avant le souper de sa petite famille. «On pourrait penser que j’ai passé la majeure partie de l’année avec Kathleen, sur la route, mais ce n’est pas le cas.»
Non, il s’est permis quelques semaines auprès de sa conjointe et de son nouveau poupon, puis il a pris la route avec l’un de ses bons potes, l’auteur-compositeur de Hamilton Jeremy Fisher, duquel sont nées les webvidéos Catch & Release, par lesquelles Fisher et Bryson se sont adonnés à l’exercice d’écrire, d’enregistrer et de diffuser une chanson en 24 heures. One day, one song.
Cigarette Thin (The Age of Asparagus) a été la première chanson lancée à la suite de la première tentative en juin dernier. Une seconde tentative à l’automne a permis aux musiciens de créer Mama I Know.
Entre-temps, Bryson a pris part à quelques semaines de tournée avec Edwards et a commencé le travail de préproduction du septième album d’Oh Susanna, auteure-compositrice folk torontoise.
«Travailler en réalisation me fait vraiment plaisir. J’utilise une partie différente de mon cerveau, en comparaison du travail de studio ou d’écriture.»
«L’année 2012 a été un peu celle de la renaissance, soutient Bryson. Quand tu as des enfants, les choses changent et cela a nécessairement un impact sur ta carrière, sur ta vie. Je voulais savoir quelle était la marche à suivre, si je devais tourner à gauche ou à droite.»
C’est de cette vision de vie nouvellement acquise que sont nés ces projets spéciaux que Bryson aime qualifier de «ludiques». «Le but premier était d’avoir du plaisir, de ne pas se casser la tête à se demander si tel ou tel projet allait rapporter au final. Ces projets se sont avérés des moments qui m’ont amené à me recueillir. Ils m’ont permis de lâcher prise et de ne pas m’en faire si quelque chose de prévu ne se réalise pas. 2012 a été une année de music making.»
Le paternel
Par son inébranlable soutien à la communauté culturelle d’Ottawa-Gatineau, Jim Bryson est devenu au fil des années une sorte de figure paternelle pour les musiciens d’ici. Le principal intéressé lance, à la blague: «C’est parce que je suis le plus vieux de la bande, c’est tout!»
Pondéré, le chanteur poursuit: «J’adore vivre à Ottawa. Je crois au potentiel de cette ville. J’ai un grand respect pour ceux qui font le même métier autour de moi. Plus des gens décident de s’établir ici pour de bon, alors qu’ils pourraient partir pour les métropoles, mieux la ville se porte. Je crois que la force principale d’une communauté réside en ces gens qui décident de rester. C’est une leçon que j’ai apprise par mes amis de Terre-Neuve qui affirment vivre les plus grandes pertes quand leurs talents quittent l’île! Il y a ces gens, comme Rolf Klausener [The Acorn, Silkken Laumann], qui décident de faire leur vie ici et qui s’impliquent. Et ça compte.»
Noël, Noël!
Enregistré en une journée – «c’est un thème récurrent cette année, je sais bien!» blague Bryson –, puis mixé en une autre, avec une distribution «tout-étoiles», locales ou non (entre autres: Jeremy Fisher, Rolf Klausener, Jill Zmud, Mel Swain, John Higney, Jarrett Bartlett, Andrew Vincent, Alan Neal, Olivier Fairfield, John Higney, David Draves), Instant Holiday Album a été lancé il y a quelques jours.
«Je n’ai aucune idée de ce qui m’a poussé à faire cet album! Honnêtement, il n’y a aucun gain financier pour moi – tous les profits seront distribués aux Bergers de l’espoir d’Ottawa et à You Know Who I Am, programme de la Fondation de santé mentale du Royal Ottawa. Cet album est le produit de moi qui me suis dit: “Je n’ai pas le choix de continuer à faire des trucs. Si je me ramasse à rien faire, je finis par avoir les bleus.” Plus je vieillis, plus je veux en faire. C’est bon, non?»