Martin Léon : Le grand explorateur
Avec son Show laboratoire exotique, Martin Léon veut emmener les spectateurs dans un safari les conduisant jusqu’aux Atomes.
En 2010, l’auteur-compositeur-interprète lançait Les atomes, un disque qui allait profiter autant d’un succès populaire – il s’est écoulé à plus de 25 000 exemplaires – que de critiques favorables (quatre étoiles dans La Presse et dans Voir, en plus d’être coiffé du titre de Coup de cœur 2011 par l’Académie Charles-Cros). Alors que le public et l’industrie s’attendaient à une tournée pour accompagner l’œuvre, Martin Léon s’est plutôt arrimé à la musique d’un film: le fameux Monsieur Lazhar. «On a tripé aux Oscars. C’est superficiel à mort, mais c’est une expérience à vivre!» glisse le bohème, l’œil moqueur, avant de confier que l’exercice du concert s’est aussi fait attendre car le chanteur… n’en avait tout simplement pas envie.
«J’aime faire de la scène, mais je la considère avant tout comme une tribune, et on ne monte pas sur une tribune si on n’a rien à dire! C’est honteux!» note-t-il. Puis, inspiré par ces soirées intimes où Léon et ses amis partagent anecdotes de voyages et extraits de chansons griffonnées sur la route, l’artiste en est venu à ce Show laboratoire exotique, spectacle tout d’abord présenté à Québec à la fin de l’année 2012, puis en janvier en résidence au Théâtre de Quat’Sous. «Je ne voulais pas remonter sur scène juste pour jouer de la musique. Avant, je devais trouver un langage pour exprimer ce que j’avais vécu. Je voulais partager mes soirées préférées. Je ne voulais pas prendre l’autoroute et sortir un show juste pour le sortir. Je préfère prendre le trottoir, le bord de la route.» Et c’est là, dans le gravier bordant le prévisible, que Martin Léon a trouvé la piste le ramenant aux Atomes.
S’exiler des normes
Lorsqu’on revient sur sa passion pour les voyages – il a séjourné en Asie à quatre reprises pendant des mois au fil des cinq dernières années –, Martin Léon se dit autant explorateur que… scientifique. «Je voyage un peu comme un anthropologue qui observe les mœurs, les coutumes et qui constate les différences en revenant au Québec par la suite», confie-t-il. Puis, une pause et le chanteur d’ajouter, tout sourire: «Mais je ne me prends pas au sérieux pour autant!»
— Pourquoi l’Asie?
— Parce que c’est le plus loin possible où je pouvais me rendre!
Terreau riche en traditions à étudier, l’Asie a aussi allumé Léon, qui se dit grisé par l’errance, par le dépaysement. «J’aime oublier la date et l’heure, qu’on m’éloigne de l’horloge. J’aime ces moments-là. J’aime aussi constater que personne ne parle ma langue là où je me trouve. L’inconnu et l’imprévu me rapprochent du moment présent.»
Ce que propose Léon est donc un périple doublement originel qui le ramène à l’inspiration de son plus récent disque, en plus de sa création.
«C’est plus un happening qu’un show de musique», tranche l’artiste qui se fait également bonimenteur commentant ses extraits de films, conteur revenant sur ses notes de carnets et arrangeur déconstruisant les particules des Atomes. «Nous sommes deux sur scène, Pascal Racine-Venne et moi. Trois avec l’écran où on projette les images, résume Léon. Toutes les chansons ont été retravaillées afin de les présenter comme elles sont nées. Ça n’a plus le groove de l’album. C’est presque du rock garage!» s’exclame-t-il tout en indiquant qu’il va jusqu’à s’accompagner du logiciel Pro Tools sur scène, montrant au public les jupons de certaines pièces.
— Je ne voulais pas remonter sur les planches avec un show rock classique: drum, basse, voix, guitare, claviers, tambourine et choriste. Ce que j’ai beaucoup fait…
— La norme, quoi.
— Loin de moi l’idée de dire que ce que je fais en ce moment est unique, mais la norme fait justement que beaucoup de choses finissent par se ressembler…
L’année virgule
En 2013, Martin Léon prévoit trimballer son laboratoire exotique ailleurs au Québec, en plus de le transporter en France tout en gardant bon espoir de pouvoir le ramener jusqu’à sa terre natale: l’Asie. En attendant, le compositeur planche sur une trame sonore pour un autre explorateur, Jean Lemire, et sa série 1000 jours pour la planète, tout en griffonnant des notes de musique pour un nouveau long métrage à venir. «À moins d’un projet aussi inattendu qu’enivrant, 2013 risque d’être une année virgule pour moi», confie-t-il, laissant entendre que le repos et les voyages de l’année le guideront vers la suite des Atomes, qui devrait paraître en 2014.
Du 10 au 26 janvier
Au Théâtre de Quat’Sous