Rae Spoon : Guides de survie
Musique

Rae Spoon : Guides de survie

Si son œuvre s’articule autour de quelques-unes des plus importantes remises en question qu’un humain puisse connaître, l’auteur-compositeur transgenre Rae Spoon fait ce qu’il fait de mieux: raconter son histoire.

Dans les prochains mois, l’Office national du film fera paraître un documentaire intitulé My Prairie Home, qui traite de cet enfant-ado singulier et queer qu’a été Rae Spoon, isolé dans une ville morne des Prairies canadiennes, pris dans un corps qui l’aliénait, artiste dans l’âme, incompris de tous. Le film proposera un portrait intimiste de la démarche artistique de Spoon, désormais basé à Montréal, portrait mis en images au rythme des pièces d’un nouvel album homonyme (à paraître en août) et dont le récit s’inspirera du tout premier recueil de Spoon, paru l’automne dernier: First Spring Grass Fire.

«Le plus grand défi en tant qu’auteur-compositeur qui s’essaie à l’écriture est de faire en sorte que ce qui se retrouvera sur papier soit assez fort pour se tenir debout sans l’aide d’autres supports, soutient le chanteur. J’ai vraiment l’intention de poursuivre ma carrière d’auteur, alors ce livre devait être quelque chose d’intéressant pour ceux qui n’avaient jamais entendu ma musique.»

Désormais, grâce au bouche à oreille généré par la parution de ce premier ouvrage, Spoon voit son public passer de «gens qui aiment ma musique à gens qui ne me connaissent pas du tout». «C’est un livre qui parle de mon enfance en Alberta; je traite des défis intrinsèques de la vie queer. Avant tout, c’est un livre de survie.»

Troquer la lap steel contre les claviers

Son second album, I Can’t Keep All of Our Secrets, paru à l’hiver 2011, se révélait une exploration hédoniste saturée de rythmes dansants new wave et de strates de claviers nerveux, mais toujours aussi cathartique que Love Is a Hunter, l’album révélation de 2010. «J’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique pendant les quelques années où j’ai vécu en Allemagne. Je n’y avais pas été beaucoup exposé dans le passé. Ce genre musical était partout, ça a piqué mon intérêt beaucoup plus que le country, que je privilégiais à l’époque.»

Si les pièces plus club comme Crash Landing et London Destroyer rappellent La Roux ou Human League, I Can’t Keep… renferme aussi son lot de textes personnels et on ne peut plus à fleur de peau. On mentionne la superbe When I Said There Was an End to Love I Was Lying au chanteur; il se confie: «J’ai écrit cet album principalement autour du thème du deuil, ces pertes qui surviennent lors du décès de quelqu’un. Par exemple, je reste très fier de la chanson Are You Jealous of the Dead? parce qu’elle traite de l’éloignement que deux personnes vivantes peuvent subir, c’est une chose vraiment difficile à saisir en chanson, selon moi.»

Maintenant que Spoon a le choix du chapeau qu’il souhaite porter, comment les futurs spectacles se dérouleront-ils? «Dans la première partie du spectacle, je présenterai des extraits de mon livre de même que des chansons plus acoustiques. C’est dans la seconde moitié que je sors les claviers et que je me mets à bidouiller sur mon ordi.»