Caïman Fu : À voir à la Petite Boîte Noire
Le quatrième album de Caïman Fu paru en octobre dernier, À des milles, a beau être le premier à ne pas montrer sur sa pochette les jolies bouilles de ses membres, il est aussi – visez un peu le paradoxe – l’album des masques qui tombent et de la fragilité assumée. En amenuisant l’aspect théâtral de ses chansons pour mieux s’enfoncer sur les routes d’un folk revendiquant avec grâce la patine du temps qui passe et qui façonne, le quatuor parvient à toucher à une vérité à laquelle la débordante énergie de sa leader, Isabelle Blais, faisait souvent ombrage.
Une nouvelle et salutaire vulnérabilité à laquelle ne sont sans doute étrangers les multiples obstacles auxquels s’est heurtée la formation depuis la parution du précédent Drôle d’animal (2008), à commencer par de nombreux mouvements de personnel (qu’une des plus mémorables chansons de l’album s’intitule Avaler du gravier en dit long). La bonne nouvelle: aux vétérans Mathieu Massicotte (batteur) et Nicolas Grimard (guitariste) s’est joint le plus coulé dans le rock des bassistes québécois, Dominic Laroche (fidèle et hirsute associé de Steve Hill), que l’on ne savait pas capable d’un jeu aussi mélodique.
Réalisé par le toujours brillant Carl Bastien (Daniel Bélanger, Dumas), À des milles fait l’exemple par 11 pièces que, contrairement à ce que les apôtres du jeunisme aiment à prétendre, la véritable valeur d’un groupe attend parfois le nombre des années (12, dans le cas qui nous occupe, ce n’est pas rien). Les Enfants de Cabot, piliers de la scène locale, précéderont Caïman Fu le 2 février à 21h sous les projecteurs de la Petite Boîte Noire.