Hilotrons : Commotions cardiaques
Musique

Hilotrons : Commotions cardiaques

L’auteur-compositeur ottavien Mike Dubue retrouve avec grande joie son projet Hilotrons et lance un premier album en tout près de cinq années: At Least There’s Commotion.

En quatre ou cinq années, il s’en passe des trucs. Surtout en musique. Si Dubue s’est permis quelques projets sous son propre nom au gré des mois, le silence radio des Hilotrons suggérait quasiment que le projet avait été mis sur la glace. Donc, tout ce temps, que s’est-il passé? «On a vieilli, laisse-t-il tomber, bouffon. Non, ce temps, je l’ai passé à composer pour des films, à me consacrer à un bon nombre d’autres projets. Je me plais à porter différents chapeaux, ce qui me permet, à chaque répétition, lors de chaque concert et en studio, de faire en sorte que ce que nous faisons reste nouveau, intéressant et frais pour nous et ceux qui nous écoutent.»

Dès les premières notes de Venus at Your Backdoor, on est saisi par les arrangements funk et psyché qui semblent vouloir venir teinter plusieurs des pièces de At Least…, marquant une rupture esthétique entre Happymatic (2008) et ce nouvel opus. «À savoir si l’album et son enregistrement ont permis plus d’expérimentation sonore,  je ne saurais dire. Je dirais même que c’est Bella Simone (album paru en 2006) qui serait notre album le plus audacieux, voire expérimental. La grosse différence dans Commotion, c’est que c’est moi qui ai joué de la majorité des instruments sur cet album. Alors, c’était peut-être expérimental dans ce sens-là.»

Au fil de l’entretien, Dubue se permet d’évoquer notre pièce préférée de l’album, la superbe Danger World. Sans retenue, il explique le contexte de création: «Alors voici l’histoire: j’ai trompé quelqu’un que j’aimais. Par mon égoïsme et mon comportement ridicule, je lui ai fait mal et lui ai manqué de respect. Je crois que j’avais enterré mon âme six pieds sous terre et que j’avais bâti ensuite ma maison de rêve par-dessus; cette maison ne pouvait que se révéler hantée. J’ai dû procéder à un examen de conscience: je me devais d’être le juge, le jury et l’effrayant gardien de prison. Cette réflexion et cette prise de conscience ont grandement influencé qui je suis en ce moment et les étapes qui ont suivi dans ma vie. J’ai mis un moment fou à en venir à bout de cette chanson, je crois avoir purgé ma peine.»

Comme Mike Dubue a invité le gratin de la scène musicale ottavienne à jouer sur l’une ou l’autre des chansons d’At Least There’s CommotionLynn Miles, Jim Bryson, Sacha Gabriel, Geoffrey Pye et Michael Feuerstack alias Snailhouse font partie de la distribution «all-stars» – et que le communiqué de presse de Kelp Records fait état d’un «who’s who de la musique d’Ottawa», on pourrait facilement attribuer à Dubue une propension au mécénat de la scène locale. Mais non: «Sans vouloir vexer personne, la mention du “who’s who de la scène ottavienne” est vraiment moche. Je sais que c’était dans le communiqué de presse. Et on devrait vraiment l’enlever; c’était vraiment nul de l’écrire. Présentement, Ottawa est rempli d’auteurs-compositeurs hyper talentueux, et les gens qui ont été invités à participer à l’album font partie de cette communauté. Chaque année depuis que je suis ado, j’entends dire des trucs comme “la scène d’Ottawa va de mieux en mieux” et c’est complètement absurde. Nous avons le quart des lieux de diffusion; le financement est de la merde en ce moment. Est-ce qu’on doit laisser le sort de la scène musicale aux tastemakers? J’aimerais bien que les tastemakers puissent sentir le goût de vomi que j’ai dans la bouche…»